Les deux "Monde"

Sauf à se déconsidérer, LE MONDE est bien obligé de rectifier le tir par rapport à sa malveillance initiale. Car le triomphe de Benoît ne fait plus de doute, même pour eux. Ils ont donc décidé de faire profil bas (ou repentance?)
Il lui a suffit d'être lui-même pour se faire aimer des polonais. Qui le connait ne peut que l'aimer, c'est un fait.
On comparera donc avec un certain amusement ces deux reportages, écrits à deux jours d'intervalle (j'avais décidé de ne pas donner de publicité au premier, mais le parallèle avec celui d'aujourd'hui est trop réjouissant pour continuer à le "censurer"!!!)

1er article: "Accueil sans ferveur"

Les Polonais, nostalgiques de "leur" pape, accueillent Benoît XVI sans ferveur
LEMONDE.FR | 25.05.06 | 17h59 • Mis à jour le 25.05.06 | 18h13
Benoît XVI est arrivé, jeudi 25 mai, en Pologne pour une visite de quatre jours, en forme d'hommage à son prédécesseur. "Je suis venu pour suivre les traces de Jean Paul II le long de l'itinéraire de sa vie", a affirmé le pape au cours de la cérémonie d'accueil sur l'aéroport de Varsovie-Okecie. "Je veux m'abreuver à la source abondante de votre foi qui coule de manière ininterrompue depuis plus d'un millénaire", a-t-il ajouté.
Mais alors que son prédécesseur rassemblait des centaines de milliers de gens, Benoît XVI n'a pas été accueilli avec ferveur.
Sur l'avenue de l'aéroport, seuls de petits groupes de gens, surtout des personnes âgées, des mères de familles avec leur enfants et des scouts, ont salué le pape à son passage dans sa papamobile.
Quant aux fenêtres des Varsoviens, elles étaient aussi beaucoup moins pavoisées qu'à l'époque des visites de Jean Paul II, quand presque tout Polonais affichait une photo ou le drapeau blanc et jaune du Vatican.
"Les drapeaux se vendent très peu. Ça n'a rien à voir avec l'époque de Jean Paul II", explique Slawek, un vendeur de petits fanions blanc et jaune à l'effigie de Benoît XVI.
Selon la police, quelque 70 000 personnes au total ont tout de même accueilli le pape sur les onze kilomètres de trajet entre l'aéroport et la cathédrale Saint-Jean de Varsovie située dans la vieille ville, où Benoît XVI s'est adressé au clergé, lui demandant de surmonter ses divisions nées du passé communiste.


2 jours plus tard...

En Pologne, Benoît XVI dénonce les "falsifications de l'histoire" du Christ
LE MONDE | 27.05.06 | 13h16 • Mis à jour le 27.05.06 | 13h16
CRACOVIE, CZESTOCHOWA (Pologne)
ENVOYÉS SPÉCIAUX
Cracovie a fait au pape Benoît XVI, vendredi 26 mai en fin de journée, un accueil triomphal. Sa papamobile a traversé des rues bondées et pavoisées, recréant l'atmosphère qui entourait chacune des visites de Jean Paul II, l'enfant du pays.
Avec la même ferveur, les mêmes chants : "Sto Lat (Qu'il vive cent ans)".
Accrochés en grappes sous le balcon de l'archevêché, rue des Franciscains - d'où Jean Paul II se lançait dans des tirades improvisées -, 3000 jeunes ont réclamé l'apparition de "Benedetto" avec les mêmes cris que ceux adressés au pape polonais jusqu'à sa dernière visite d'août 2002 : "Viens à la fenêtre. Viens nous parler (...). Ne te laisse pas prier (...)."
La fenêtre - qui n'avait pas été ouverte depuis la mort de Jean Paul II le 2 avril 2005 - a laissé passer Benoît XVI, ému par cette popularité nouvelle.
En polonais et en italien, il a adressé quelques mots de remerciement, évoqué la mémoire de son prédécesseur, qui "malgré la mort, est toujours avec nous", et appelé les jeunes à prier pour sa prochaine béatification. Une fois la fenêtre refermée, les cris ont repris : "Benedetto, Reste avec nous (...). On reviendra demain."
Cracovie a donc adopté le successeur de celui qu'elle continue de vénérer comme "son" pape.
"Qui aurait pu croire qu'un Allemand serait ainsi accueilli dans une ville bombardée par les nazis et si cruellement occupée ?", constate un témoin âgé. Dans ce sud de la Pologne qui a façonné le destin de Karol Wojtyla, confronté à l'occupation nazie, puis au communisme, Benoît XVI est allé se recueillir, samedi 27 mai, à Wadowice, dans la maison natale de son prédécesseur, et dans les sanctuaires qu'il aimait, de Kalwaria et de Lagiewniki.

"J'AI DEUX PAPES"
Le nom de Czestochowa entretient aussi la légende du pape polonais.
Benoît XVI s'y est rendu, vendredi, acclamé par 400 000 fidèles. Jean Paul II avait fait de ce sanctuaire national de la Vierge noire de Jasna Gora - celle qui aurait protégé la Pologne contre l'envahisseur suédois au XVIIe siècle - le symbole de la résistance spirituelle au communisme. Carolina arbore un tee-shirt jaune vif où on peut lire "JP2-B16". Un symbole : "J'ai deux papes", dit-elle en riant.
Nombre de représentants du syndicat Solidarnosc sont aussi dans la foule, venus de Gdansk, Opole, Poznan, Lodz, Lublin, etc. : "C'est à Czestochowa qu'est né Solidarnosc, rappelle l'un d'entre eux. Chaque année en septembre, de 1981 à 1989, des centaines de membres de Solidarnosc se réunissaient ici. Et c'est ici qu'en 1983, lors de sa seconde visite en Pologne, Jean Paul II a rencontré en secret des membres de Solidarnosc."
Depuis, la Pologne a bien changé. A Czestochowa, le pape a délivré un nouveau message contre les intégristes de Radio-Maryja, expliquant que "l'Evangile devait être porté dans les médias, mais avec maturité, sans infantilisme et sans agressivité".
Dans son homélie du matin, avant de quitter Varsovie sous des trombes d'eau, il s'était également lancé dans une fervente défense du message de l'Eglise contre le "relativisme ambiant", contre "les lectures subjectives et sélectives des Ecritures saintes", contre les "falsifications de l'histoire" du Christ. Certains y ont vu une attaque contre le film Da Vinci Code, pour lequel d'immenses panneaux publicitaires remplissent les rues de Varsovie et de Cracovie.
La visite au camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, dimanche soir, devait être le point culminant de ce premier voyage de Benoît XVI en Pologne. On prêtait l'intention au pape de marcher seul, pour mieux se recueillir et prier.
L'entourage de Benoît XVI insistait ces derniers jours sur le caractère uniquement spirituel de cette démarche, estimant que le pape venait à Auschwitz moins comme Allemand que comme chef de tous les catholiques, désireux d'exprimer sa douleur au peuple juif en particulier.
Devant des journalistes, il a lui-même révélé le sens qu'il donnerait à cette visite : "Auschwitz a montré à quel point l'homme pouvait perdre toute dignité en piétinant les autres. D'un tel lieu, on attend que naissent un nouvel humanisme, une nouvelle vision de l'homme à l'image de Dieu pour que ne se répètent plus jamais de tels crimes."
Célia Chauffour et Henri Tincq
Article paru dans l'édition du 28.05.06

Selon le Salon Beige, c'est ce qui s'appelle "manger son chapeau".

Evidemment, l'astuce du titre du second article -qui, compte-tenu de son contenu, aurait dû s'appeler "Le triomphe de Benoît XVI en Pologne"- est destiné à brouiller le message, mais elle ne trompera personne...