Le moins que l'on puisse dire est qu'il est attendu au tournant, y compris par les représentants de l'Eglise des deux bords. Traduction d'un article polémique mais passionnant du site terrasantalibera.org. (2/5/2009)
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J'ai trouvé je ne sais plus exactement où (sans doute sur le site de Raffaella) le lien vers cet article.
Le site possède également des sections en français et en anglais.
Il est consacré à la Palestine, plus exactement au conflit Israélo-Palestinien, dans un sens tel que son titre et une première lecture très rapide ne laissent guère de doute quant à ses sympathies - et ses vives antipathies.
Le terrain est fortement miné, et je n'en connais pas suffisamment sur le sujet pour émettre un avis (j'observe cependant que le manque d'informations, et même l'ignorance absolue n'ont jamais empêché certains de couvrir le Pape d'injures). Du moins le garderai-je pour moi. Ce n'est d'ailleurs pas cela qui m'intéressait dans ce texte.
J'ai donc lu l'article, qui est le dernier édito du responsable du site.
Il est intraduisible en entier pour moi, pour plein de raisons, dont la moindre n'est pas technique (il utilise un vocabulaire que je crois être du registre familier difficile à "rendre", et il fait allusion à des évènements parsonnels que le lecteur - moi, en tout cas - ignore). A part cela, il a le ton extrêment passionné de qui est véritablement impliqué, un ton polémique, aussi, qui flirte parfois avec la violence.
De toutes façons, si l'on veut faire l'histoire de ce voyage, ce ne sera pas uniquement en lisant les dépêches de l'AFP, ou de Reuters, et les résumés qu'en feront des grands journaux - même si cela aussi sera intéressant.
Ces réserves faites, et les "scories" une fois éliminées, il reste un plaidoyer pour le Saint-Père, contre les ennemis de l'intérieur (catholiques des deux bords), et une synthèse saisissante des difficultés qu'il aura à affronter dans une semaine en "Terre-Sainte": renvoyant dos à dos le clergé ultra-progressiste acquis à l'extrême-gauche antisioniste (qui lui reproche de ne pas aller à Gaza, et sa complaisance envers le gouvernement israélien) et les traditionalistes (qui vont lui reprocher sa visite au mur des lamentations, et au mémorial de l'Holocauste, et ses rencontres avec des rabbins et des imams) dans leur alliance objective contre le successeur de Pierre.

Je n'oublie pas le plus grave, que je n'ai pas voulu traduire.
L'auteur évoque un risque sérieux d'attentat.
Rejoignant ce que le Père Scalese avait appelé "Brutti presentimenti"...
Je ne veux même pas y penser. Mais je sais que le saint-Père, lui, s'est simplement remis "entre les mains de Dieu"...
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Ma traduction partielle:



Les ennemis de l'intérieur

Le Pape va en Terre Sainte :
Au milieu de bien des médisances, inutiles et nuisible pour tous

http://www.terrasantalibera.org/Papa_maldicenze.htm
Editorial de la Direction de TerraSantaLibera.org

Cela fait longtemps que je n'écrivais plus sur ces pages, mais récemment, submergé d'articles et de messages provenant d'agences et de journalistes tous unis dans la manie de « pontifier », de vouloir enseigner au Pape comme faire le Pape, mais dans la pratique adonnés au sport national et international le plus répandu..., celui de cracher du venin sur la chaire de Pierre et l'Église, je commence à en avoir assez de me taire....
Parce que mettre en lumière, ou critiquer les dérapages, ou même les vices, qu'ils soient théologiques ou autres, du pontife ou de n'importe quel autre mortel, est une chose, une autre est de calomnier et d'attribuer à Benoît XVI des pouvoirs terrestre qu'il n'a pas, comme celui, par exemple, de se rendre où il veut sur le territoire contrôlé militairement par l'entité coloniale sioniste, ou, pire encore, de l'accuser d'être un chef d'état « sujet d'Israël ».

[Ici, l'auteur de l'article cite une connaissance, jeune "anarcho-marxiste" auquel le site a déjà offert des tribunes, mais qui est aveuglé par sa haine idéologique contre] un "petit vieux" (sic!) de 82 ans qui, défiant des menaces et des dangers sérieux (...), veut, avec un grand courage, donner un signal de proximité, de présence, d'interêt envers les pierres vivantes de Terre Sainte.
Peu de mois ont passé depuis la fin d'une pluie de mort qui a anéanti presque 1500 personnes à Gaza, a détruit et rasé au sol maisons, hôpitaux, écoles, services, magasins de vivres, aqueducs, ports et campagnes, laissant dans l'indigence une population d'environ un million et demi d'habitants, leur niant même l'accès aux moyens de secours et aux biens de première necessité.
...
Les communautés catholiques sont réduites au minimum, mais résistent avec confiance et constance sur ce qui reste de leur terre. Discriminées, incarcérées, mais jamais résignées.
Et ce "petit vieux" vêtu de blanc, de 82 ans, qui pourrait beaucoup plus confortablement rester dans les palais du Vatican, décide, contre tout et tous, d'aller trouver ces communautés : pas seulement celles qu'il représente comme chef religieux, mais aussi les autres, de confession et d'ethnies différentes, qui peuplent la région. Parce que la paix, si on la veut, on doit la négocier avec toutes les parties.
Il n'atterrira pas dans la Tel Aviv juive, mais dans la Jordanie islamique. Il visitera donc quelques lieux saints et les communautés qui les peuplent. Il ira où il pourra et où on le laissera aller.

Mais déjà on entend des voix de protestation parce qu'il n'ira pas à Gaza :
- « C'est un chef d'état sujet d'Israël »
- « Le sujet d'Israël ne veut pas rencontrer les chrétiens à Jérusalem, mais à Béthléem »
- « Il porte des mocassins Prada »
et autres idioties du même genre, suivies d'une liste de « prêtres » ultramodernistes, de Pax Cristi à don Ciotti, qui restent dans l'ombre pour ne pas se faire trop remarquer, eux qui enseignent ce beau catéchisme anticatholique qui a donné tant de beaux fruits.
Quelle misère. Ils envoient aussi des lettres et des pétitions, où ils se répandent en fausses marques d'estime envers ce Pape, qu'en réalité ils detestent (leurs livres rapportent scrupuleusement les textes de l'antipape Martini), pour finalement faire passer ce message : Benoît XVI, reste chez toi.
Selon les paramètres et les quotients d'intelligence tels que les mesurent ces gens, Benoît XVI serait un débile qui ne sait ni ce qu'il fait ni où il va.
Quelle considération pour le Pape de la part de ces « prélats » en pull-over et jeans!
Spécialistes de l'agit-prop, politiciens rangés, qui se servent des avantages de leur état, mais qui à table ne font même pas le signe de croix ...théologiens de la libération, conférenciers et hommes du monde, toujours à se moquer des paroissiens, d'autant plus que c'est l'Eglise qui paie.
De tels prêtres, mieux vaut les perdre que les trouver, si on a la foi, ils vous la font passer.
...

Benoît XVI, ses détracteurs le savent bien, ne peut pas faire ce qu'il veut, ni aller où il veut, tout comme ne le peuvent ni le Patriarche ni son Secrétaire, auxquels il est refusé d'entrer à Gaza comment et quand ils veulent.
Et il rencontre les chrétiens à Béthléem, pour la simple raison que les israéliens ne permettent pas aux chrétiens arabes d'entrer à Jérusalem, sinon de façon limitée , tandis qu'à Béthléem, théoriquement sous l'« autorité palestinienne », il est plus facile de les rencontrer. Ceux qui se vantent de bien connaître la Palestine devraientt le savoir.

Et pourtant, à Béthléem le Pape ne peut ni rencontrer ni parler la population chrétienne comment et où il veut : la tribune, qui avait déjà été installée face au camp de réfugiés de Haida, a été démontée et enlevée par l'occupant (..), parce qu'elle était trop près du « mur » de la honte, que le Pape ne devrait pas voir (chose pratiquement impossible, à moins qu'ils ne le fassent entrer à Béthléem les yeux bandés)

Et vous faites les scandalisés parce qu'ils ne le font pas venir à Gaza ?
Puisque vous connaissez la Palestine, et ceux qui l'occupent militairement, de quoi êtes-vous étonnés ?
Vous attendiez-vous à ce que le Pape monte sur un petit navire et force le blocus naval israëlien ?
Ou peut-être aurait-il dû creuser un tunnel depuis l'Egypte ?
Ce qui empêche de voir la réalité est un préjugé obstiné, selon lequel tout ce que fait le Pape est erroné. Qu'il vienne ou ne vienne pas et quoi qu'il fasse, cela ne change rien.
Il y a des tonnes de fausse culture, puisée à des sources empoisonnées (..), qui ont été et sont la nourriture idéologique pour les générations modernes. Ils boivent tout, croient à tout, mais ils ne voient pas la vérité.
Pleut-il ? Gouvernement voleur et faute du Vatican (Governo ladro e colpa del Vaticano).

Sur l'autre front, celui « traditionaliste », il y a une file d'un kilométre de long d'autant de détracteurs.
Je ne me réfère pas à ceux qui, généralement avec raison, sont en désaccord avec des positions théologiques.. mais à ceux qui considèrent comme un motif de reconnaissance de l'autorité pontificale s'il ira au Musée de l'holocauste, à quel moment il ira, qui il rencontrera et qui en premier, s'il rencontrera d'abord les musulmans ou les juifs (mais dans une societé où l'immense majorité est soit juive soit islamique, que ce soit au pouvoir ou dans l'opposition, comment pourrait-il ne pas rencontrer ces derniers, vu que d'eux dépend la pacification, hypothétique, de la région?), s'il ira à Gaza, quels villages il visitera, si on enlèvera le crucifix ou bien non, et ainsi de suite.

« Traditionalistes » antiromains, sedevacantistes déclarés ou "crypto", exaltés et dérangés, qui emploient comme arme pour porter de l'eau à leur moulin de protestation tout ce que leur transmettent les des agences les plus « filtrées » (..)
Mais est-ce possible, tant de mauvaise foi et d'ingratitude vis-à-vis de ce Pape, justement de la part de ceux qui au contraire devraient le remercier pour tellement de gestes courageux ? Après quarante ans de ghetto et d'abus neomodernistes, contre tout et tous, Benoît XVI libérait la Messe tridentine et levait les excommunications infamantes. Nous dirions qu'un geste de courageuse ouverture a été accompli. Ne laissez pas tout seul ce Pape, contre les ennemis de l'Église, extérieurs et intérieurs (et peut-être sont-ils plus nombreux ceux de l'intérieur que les autres…).
...

Il n'y a pas une aire précise où se concentrent les ennemis de l'Église, de droite et de gauche, de chaque position confessionnelle ou idéologique, leur pierre d'achoppement est toujours la même : le roc de Pierre. Et c'est la haine vers cette pierre d'achoppement qui les unit.
Et ainsi nous voyons unis, pour lancer des flèches contre Benoît XVI, « anarcho-communistes », « nazifasciste-païens », « sedevacantistes », « modernistes», « judaïsme et maçonnerie », metteurs en scène rusés et pauvres ignorants, qui ne savent pas ce qu'ils disent et ce qu'ils font. Qui se ressemble s'assemble....
Mais même si tous en sont, nous non.
Nous sommes avec Benoît XVI.
Nos craintes sont autres et pour d'autres raisons nous aurions préféré sa visite dans un instant différent.
Mais Mgr Fouad Twal a raison, lorsqu'il dit « le Pape pèlerin, les chrétiens locaux disent « Ahlan wa sahlan ! », « Bienvenu ! », « Si le pape n'a pas peur, pourquoi devrions-nous avoir peur? »

[A ce point, l'auteur émet des craintes plus ou moins argumentées sur le risque physique réel que court le Saint-Père.
Il n'écarte même pas la possibilité d'un attentat.
Je prèfère ne pas y penser... et donc ne pas traduire, même si le problème se pose, et me terrifie. Je ne veux pas être un oiseau de mauvaise augure, et il ne faut pas oublier que le Saint-Père n'est pas seul. Une main sûre, d'en haut, le protège et le conduit. Mais je suis certaine que lui-même y pense
].

Tout le reste des ragots négatifs autour de sa visite, élaborés par la subversion néo-moderniste bien enracinée dans l'Eglise, et qui ne lésine pas sur la perfidie, vaut un zéro pointé.

La présence du Pape Benoît XVI en Terre Sainte, où qu'il aille, quelque village qu'il visite, qu'il puisse rencontrer tout ou seulement en partie la comunnauté arabe, catholique et chrétienne, comme celle musulmane, est de toute façon un signal important, d'encouragement, qu'aucun chrétien ou palestinien en Terre Sainte ne veut sous-estimer (à part ceux qui veulent faire de cette polémique un drapeau pour un règlement de compte politique…).
Qu'il y ait ensuite une rencontre avec des loups et des rapaces, c'est normal et inévitable.
Mais toutes les communautés et les prêtres de Palestine que notre groupe a personnellement rencontrés en Mars, des franciscains aux séculiers, de la custodie ou du Patriarcat Latin, de Nablus à Jenin, de Bethléem à Jerusalem, et même ceux de Gaza, selon ce que nous réfère le Père Musallam dans sa récente lettre, sont heureux de la venue du Saint Père dans leur terre martyrisée.

Aux amis catholiques sérieux, attachés à la liturgie, au Magistère et à la Tradition séculaires, je dis seulement une chose: ce n'est pas l'instant de gacher des cartouches à blanc, mais de viser juste.
Prions pour ce Pape, que Dieu le conserve longtemps.

Filippo Fortunato Pilato
Direttore di TerraSantaLibera.org, Presidente di Alleanza per la Terra Santa Libera







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