Avant l'arrivée du Pape à Jérusalem, la presse française, lance l'artillerie lourde contre le Saint-Père. (11/5/2009)



C'est comme au pancrace: tous les coups sont permis.

A ce point, il s'agit vraiment de haine pure, comme si on voulait se servir de l'occasion pour arracher de chacun de nous le moindre résidu d'attachement à la religion chrétienne, la moindre fierté d'en témoigner.
Tout y passe, jusqu'à la diffamation pure et simple (Diffamation ) - on ressort en particulier la prétendue adhésion de Joseph Ratzinger aux jeunesses hitlériennes, allant jusqu'à parler de passé nazi - et le mensonge éhonté - prétendant qu'il n'y a plus de débat entre les historiens sur la culpabilité de Pie XII pour son rôle dans la Shoah.
Que restera-t'il de ces calomnies dans l'esprit des gens?

Jean Mercier, qu'on ne peut soupçonner de complaisance vis à vis du Pape, fait justice de la soi-disant indignation de l'opinion publique israélienne sur la prière du Vendredi Saint, et la levée des excommunications.
La vérité, c'est que l'opinion publique là-bas n'est pas différente de celle de chez nous: elle n'y connaît rien, et elle s'en moque.
Il écrit, dans son "carnet de bord" (Le Pape va t'il être retenu en otage en Israël? ):
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A quelques heures de l'arrivée du pape à Jérusalem, c'est d'abord l'indifférence qui prévaut au niveau de la population. Prosaïquement, les israéliens s'inquiètent davantage du budget national que du voyage papal et les habitants de Jérusalem redoutent les embouteillages que vont provoquer les mesures de sécurité. Il n'y a guère que les services spécialisés qui soient sur les dents. « Ce voyage est très délicat. Nous devons redoubler la prudence surtout à cause des musulmans qui habitent ici, qui détestent le pape et qui pourraient lui faire du mal... » explique à La Vie Raphael Ben-Hur, vice directeur général du Ministère du Tourisme, apparemment pas encore au courant de la rencontre à la mosquée de la veille.
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Andrea Tornielli de son côté, très bien informé, comme d'habitude, et soucieux de défendre le Pape à sa façon, sait déjà ce qui va se passer lors de la visite au Mémoriale Yad Vashem, et même ce que Benoît XVI dira - sans doute les journalistes ont-ils déjà eu connaissance du discours, sans écarter la possibilité d'ajouts de dernière minute.
La marge de manoeuvre du Saint-Père est évidemment très réduite.

Article sur Il Giornale, ma traduction:



Le Pape aujourd'hui en Israël : que personne n'oublie les victimes de la Shoah
Andrea Tornielli

Que personne n'oublie les noms des victimes de la Shoah. Que personne n'oublie le massacre de millions de juifs morts dans les camps de concentration nazis.
C'est ce que dira cet après-midi le Pape, dans le discours attendu qu'il prononcera au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem.
Journée cruciale du voyage de Benoît XVI en Terr Sainte, celle d'aujourd'hui, lorsqu'il quittera la Jordanie pour arriver en Israël. Journée de la mémoire et de l'amitié avec le peuple juif. Une visite préparée avec soin, qui devrait clore des mois difficiles, après les polémiques consécutives à la publication du motu proprio qui réhabilitait la messe tridentine (et la prière pour les juifs en vigueur en 1962, modifiée par Papa Ratzinger à la demande des rabbins de Jérusalem), mais surtout après la crise de janvier dernier, provoquée par la concomitance de la révocation de l'excommunication aux quatre évêques lefebvristes et la diffusion de l'interviewe d'un d'eux, Richard Williamson, dans laquelle le prélat traditionaliste répétait des déclarations négationnistes sur les chambres à gaz.
Benoît XVI a beaucoup souffert de ce qui est arrivé, des réactions du monde juif, des polémiques internes à l'Église. Lui qui est justement un des théologiens qui plus que tout autre a réfléchi sur le lien spécial et unique qui unit inséparablement les chrétiens et les juifs.
Le Pape arrivera à Yad Vashem, il sera accueilli par son président Avner Shalev, et parcourra à pied le périmètre du mémorial pour rejoindre l'entrée d'honneur du « Hall of Remembrance », la salle de la mémoire, où l'attendront le président d'Israël Simon Peres, le porte-parole de la Knesset Rivlin et le rabbin Meir Lau. Un chant sera exécuté, ensuite la flamme sera ravivée pendant que sera lu le texte de l'« identification » : « En élevant la flamme qui brûle en perpétuité dans ce mémorial devant les cendres sacrées de nos frères, nous nous confondons avec leur mémoire : avec les six millions de personnes de notre peuple qui ont subi le martyre… ». Ratzinger déposera une couronne de fleurs, rencontrant aussitôt après six survivants des camps nazis. Puis il prendra la parole.
Le Pape entend tourner le dos à toute polémique, réaffirmant la nécessité de se rappeller ce qui est arrivé. Les noms des victimes de la Shoah ne peuvent jamais être oubliés. Il faut faire mémoire de l'immensité de la tragédie survenue et faire en sorte que quelque chose de semblable ne se répète jamais plus, en luttant contre l'apparition de l'antisémitisme. Le Papa parlera aux « frères destinataires de la Première Alliance », offrant solidarité et amitié.
On ne prévoit pas que Benoît XVI prononce le mot « négationnisme », même si tout le discours, en réalité, sera une réponse à ceux qui veulent minimiser la portée de la Shoah ou à en nier à l'existence. Ratzinger ne nommera d'aucune façon la figure de Pie XII, comme par ailleurs Jean-Paul II l'avait fait en 2000: à quelques dizaines de mètres de distance de l'endroit où il commémorera les victimes de l'Holocauste, se trouve le nouveau musée de Yad Vashem, où depuis deux ans a été exposée l'image de Papa Pacelli et une légende très négative sur le Pontife. Benoît XVI n'y entrera pas.
Justement hier, Yael Nidam Orvieto,chercheuse de pointe de l'institut d'études internationales du Yad Vashem, parmi les promoteurs de la rencontre qui a vu se confronter des spécialistes d'extractions catholique et juive sur le rôle accompli par Pie XII durant les années de guerre, a souligné que l'image de Pacelli comme « Pape de Hitler » désormais « ne résiste plus » et n'est pas partagée par la majorité des historiens. Bien qu'il y ait des divergences d'opinions sur la figure du Pontife, Yael Nidam Orvieto a fait remarquer combien les positions « se sont approchés ». La légende sous la photo de Pie XII pourrait donc être réécrite.





Diffamation Aujourd'hui, au Yad Vashem (2)