Au moment de l'arrivée en Israël. (16/5/2009)



Mon amie Catherine avait traduit cette analyse de John Allen, écrite le 11 mai.
Je la publie seulement aujourd'hui, car il manquait les derniers paragraphes (après la ligne en pointillés, ci-dessous), et ce n'est que ce matin que j'ai eu le temps de reprendre la main.
De toutes façons, l'intérêt reste intact, puisqu'il rend justice à la bonne foi du Saint-Père, qui a bien dit les mots qu'on lui a par la suite, en toute mauvaise foi, reproché de ne pas avoir prononcés.

Article original en anglais sur le site de NCR:
Pope in Israel mends fences, but doesn't pull punches



Le pape renoue les liens avec Israël mais ne mâche pas ses mots.
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A la lumière du récent tumulte qui a suivi la réhabilitation par le pape Benoit d’un évêque négationniste, un point clé de sa visite en Israël était de savoir si la volonté du Saint Père de se remettre en bons termes avec les juifs allait occulter son message sur une juste résolution du conflit Israélo-palestinien, en particulier la solution de deux états.

Une autre façon de poser la question était de savoir si le pape Benoit allait mettre l’accent sur le passé ou sur le futur, sur la mémoire de l’holocauste ou sur la présente réalité du Proche-Orient. Aujourd’hui, le pape nous a donné la réponse : il fera les deux.

Peu de temps après son arrivée à l’aéroport de Tel Aviv, Benoit XVI a honoré la mémoire des six millions de victimes juives de la Shoah et a insisté en disant que « tous les efforts doivent être fait pour combattre l’antisémitisme partout où il se manifeste ».

Un peu plus tard, Le pape a encore rendu hommage aux victimes avec une visite à Yad Vashem, le principal mémorial de l’holocauste en Israël, en insistant pour que « leur souffrance ne soient jamais être niées, minimisées ou oubliées ». C’était l’allusion la plus proche, même de façon indirecte, à la controverse concernant l’évêque traditionnaliste Richard Williamson, qui avait affirmé que les Nazis n’avaient pas utilisé de chambres à gaz et qu’il n’y avait pas eu six millions de victimes juives durant l’holocauste.

« Puisse le nom de ces victimes ne jamais disparaitre », a dit le pape. « Puissent tous les hommes de bonne volonté rester vigilant pour extirper du cœur de l’homme tout ce qui pourrait mener à de telles tragédies »

A l’aéroport, le pape a montré son adhésion à la solution de deux états pour la résolution du conflit Israélo-palestinien, allant directement au cœur de la prise politique du Proche-Orient.

Sous le regard du président israélien Simon Pérès, et du premier ministre Benjamin Netanyahu, Benoit XVI a prié « pour que les deux peuples puissent vivre en paix dans leur propre pays à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues ».

Cela arrive au moment où le gouvernement de Netanyahu envoie des signaux contradictoires sur son adhésion à la création d’un état palestinien.

Faisant écho à une demande de longue date de la diplomatie vaticane, Benoit XVI a formulé l’espoir que « tous les pèlerins qui se rendent sur les lieux saints puissent y avoir accès librement et sans restriction, qu’ils puissent prendre part aux célébrations religieuses et qu’ils puissent soutenir le digne entretien des lieux de culte qui se trouvent sur les sites sacrés ».

La formule du Saint Siège pour les lieux saints est traditionnellement le désir pour un « statut spécial avec une garantie internationale ».


Plus tard dans la journée, dans une rencontre avec Peres au palais présidentiel de Tel Aviv, le pape Benoit a insisté sur le fait que la sécurité repose sur la justice, évoquant le terme hébreux Batah, qui ne signifie pas seulement l’absence de danger mais aussi un sentiment de quiétude et de confiance.

« La sécurité, le droit, la justice et la paix ! Dans le dessein de Dieu sur le monde, tout cela est inséparable », a dit le pape. Benoit a mis en garde contre l’influence des « intérêts particuliers ou des politiques sectorisées », invitant les peuples de la région à se reconnaitre l’un l’autre comme « mon égal, mon frère, ma sœur ».

Le pape a aussi dit qu’il voulait s’adresser aux familles ordinaires d’Israël.

« Quels sont les parents qui pourraient vouloir la violence, l’insécurité ou la désunion pour leur fils ou leur fille ? Quel but politique humain peut-il être jamais servi par le conflit et la violence ? »

« J’entends le cri de ceux qui vivent dans ce pays et qui réclament la justice, la paix, le respect de leur dignité, la sécurité durable, une vie quotidienne sans crainte des menaces venant de l’extérieur ou d’une violence aveugle» a dit le pape.

En somme, Benoit XVI était déterminé aujourd’hui à être opérationnel immédiatement, donnant les grandes lignes des thèmes principaux de sa visite de quatre jours en Israël et dans les territoires palestiniens, après avoir achevé trois jours de visite en Jordanie.
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Sur l'Holocauste, le Pape a eu des mots forts.

« Il est juste et opportun que, pendant mon séjour en Israël, je puisse avoir la possibilité d’honorer la mémoire des six millions de Juifs victimes de la Shoah, et de prier pour que l’humanité ne soit plus jamais témoin d’un crime d’une telle ampleur. »

De même, l'engagement du Pape dans la lutte contre l'antisémitisme, et toutes les formes d'intolérance, a paru sans équivoque.

« En tant qu’Évêque de Rome et Successeur de l’Apôtre Pierre, je réaffirme l’engagement de l’Église à prier et à travailler sans cesse pour faire en sorte que cette haine ne règne plus jamais dans le cœur des hommes" a t-il déclaré lors de sa visite à Yad Vashem. Méditant sur l'importance de se souvenir des victimes par leur nom, ils sont, a dit Benoît, devenue la proie d'une «horrible tragédie» fondée sur" un réseau insidieux de mensonges ».

Dans quelle mesure les commentaires de Benoît sur l'Holocauste, et sur l'antisémitisme, satisferont la sensibilité juive, ce n'est pas encore clair. À la veille de son arrivée, les réactions juives à la visite de Benoît semblaient divisées.

Le Rabbin Abraham Cooper, du Centre Simon Wiesenthal en Amérique, a déclaré sur le site web du "Huffington Post" que le pèlerinage de Benoît « est une occasion pour les Juifs de reconnaître qu'aujourd'hui, cette église, autrefois l'une des principales sources de l'antisémitisme, reconnaît ouvertement que notre peuple a le droit de poursuivre son destin historique et spirituel unique. »

Pourtant, un groupe basé en Israël, appelé "Task Force to Save the Nation and Land", dirigée par les rabbins Yaakov Yossef et Shalom Dov Wolpe, a envoyé un télégramme aux deux Grands Rabbins d'Israël pour protester contre leur intention de rencontrer le Pape.

« Il s'agit d'une profanation du nom de Dieu ... La rencontre et le fait de le reconnaître s'apparente au culte des idoles, c'est même entièrement une forme absolue du culte des idoles.. », protestaient les rabbins dans leur écrit.





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