Visite du 11 mai (12/5/2009)



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Rendez-vous manqué, vraiment?

A propos du discours, Jean Mercier, dans La Vie, se fait le porte paroles des jamais-contents et des acharnés de la repentance (discours du Saint-Père: Aujourd'hui, au Yad Vashem (3))
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Il écrit en effet:

Ce discours beau et profond
n'a pourtant pas la portée de celui de Jean Paul II en l'an 2000. Le pape ne mentionne pas les camps, ni les responsables de la Shoah, à savoir l'Allemagne nazie. Rendez-vous manqué ? Suite à sa visite à Auschwitz, il aurait pu ici corriger la vision qui en était sortie : celle d'un pape qui innocentait le peuple allemand de la Shoah. Or, qu'il le veuille ou non, Benoît XVI est d'abord perçu en Israël comme un fils de la nation qui a voulu et perpétré la Shoah . Le pape a donc choisi de mettre de côté la dimension personnelle... La dimension historique est comme voilée au profit d'un propos plus universel mais qui semble déréaliser les événements. De même, on ne trouve pas dans ce discours la reconnaissance que Jean Paul II avait faite, à Yad Vashem en mars 2000, de la responsabilité chrétienne dans l'antijudaïsme.
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Ce n'est pas une surprise, dans ce journal, qui avait dressé une liste de pierres d'achoppement dans son numéro d'avant la voyage, titrant en grand sur sa couverture "Le Pape est les juifs": voir ci-contre
Comme quoi, sur ce coup-là au moins, la polémique était déjà dans les cartons AVANT.
Il est possible, toutefois, qu'elle fasse un 'flop'...



Pas assez de repentance!

C'est ce qui transparaît aussi du commentaire de l'envoyée spéciale de La Croix, I de G.
Il y a beaucoup de négations (pas de, sans, nulle, ni...). Beaucoup de références là aussi à la nationalité du Pape, et là encore les sempertinelles mais peu pertinentes comparaisons avec Jean-Paul II....
Autant dire que c'est une litanie des déceptions annoncées.
Là encore, ce n'est pas vraiment une surprise:
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(..) ceux qui attendaient de Benoît XVI – pape allemand et sans aucun doute dernier pape qui aura connu cette tragédie dans sa propre vie – un témoignage personnel ou un discours à perspective historique seront déçus.

Là où Jean-Paul II avait explicitement évoqué son passé polonais, Benoît XVI a préféré se situer comme successeur de Pierre, s
ans mention de ses racines allemandes. Son texte se veut une méditation spirituelle et théologique, sans dimension historique : pas de référence à des camps en particulier, à des communautés disparues, nulle mention des responsabilités humaines – ni celles du peuple allemand, ni d’autres personnes.

Et enfin,
pas de condamnation des actes antisémites commis par des chrétiens, ni de responsabilités de l’Église alors que, là encore, Jean-Paul II avait en ce même lieu « assuré le peuple juif que l’Église catholique était profondément attristée par la haine, les actes de persécution et manifestations d’antisémitismes dirigés contre les juifs par des chrétiens en tout temps et en tout lieu ».
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Le beau commentaire de Magister

Je préfère cela:
Sandro Magister écrit, sur son blog:
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Le pape en Israël. Premier jour, double surprise

Le monde l'attendait au tournant sur les questions les plus explosives : l' antisémitisme, la guerre.
Mais Benoît XVI a fait à sa manière. Il a extrait de la Bible deux mots. Et avec le premier il a expliqué les conditions de la paix. Avec le deuxième il a éclairé le mystère de la Shoah

À peine arrivé lundis en terre d'Israël, Benoît XVI a immédiatement abordé en face les questions les plus controversées : d'abord la paix et la sûreté, ensuite la Shoah et l' antisémitisme.
Sur les deux les fronts, on l'attendait au tournant. Soumis à des pressions incessantes et pas toujours loyales. Pour beaucoup de ses détracteurs le scénario était déjà écrit, et ils attendaient seulement de juger si et comment le pape allait l'observer.
Au contraire, Benoît XVI a agi avec une surprenante originalité. Dans un cas comme dans l'autre.

L'avènement de la paix, il l'a lié indissolublement à ce " chercher Dieu" qui avait déjà été le thème dominant de son mémorable discours de Paris au monde de la culture : un des discours capitaux de son pontificat.
Tandis que le thème de la sécurité - névralgique pour Israël - il l'a développé à partir du mot biblique " betah" , qui veut dire certes sûreté mais aussi confiance : et il ne peut y avoir l'un sans l'autre.

Dans la visite au Yad Vashem - le memorial des victimes de la Shoah avec leurs millions de noms gravés - le pape a ensuite éclairé le sens d'un autre terme biblique : le "nom".
Les noms de tous "sont gravés de manière indélébile dans la mémoire de Dieu Tout-Puissant". Et donc " on ne peut jamais effacer le nom d'un être humain" , même pas lorsqu'on lui prend tout.
Le cri des victimes monte de la terre comme depuis les temps d'Abel, contre chaque effusion de sang innocent, et Dieu les écoute tous, parce que "on ne peut pas épuiser sa miséricorde".
Ces derniers mots, tirés du livre des Lamentations, le pape les a écrits en signant le livre d'or.





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