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PETER SEEWALD DANS "VANITY FAIR" (IV)
 

Le Pape Benoît XVI: Notre don du ciel
Du Pape de transition au super-Pape (IV)
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Peter Seewald, Vanity Fair, 11 avril 2007
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Les retombées de Ratisbonne

Benoît a commencé son Pontificat avec beaucoup de prudence , mais, lors de la visite en Bavière, il en a mis en lumière les potentialités, principalement le don particulier de Ratzinger pour retourner les choses, et gagner des batailles en apparence perdues.
Il souhaitait, avec cette visite, reprendre des forces, ainsi que me l'avait dit le Pape quelques mois auparavant, en replongeant dans ses racines. Dans le même temps, il affirmait "ce n'est qu'en puisant à la source des traditions que la chrétienté fatiguée pouvait connaître une nouvelle Pentecôte, et retrouver le courage d'un nouveau souffle".
Benoît vint, vit, et fut revivifié. La beauté des paysages bavarois , ses villes et villages, resplendissaient lors de ces belles journées estivales. Et, avec elles, la beauté de la foi.

Dès l'arrivée à l'aéroport de Munich, il fit de nouveau référence à la signification de la religion dans un monde sécularisé.
"Nous souffrons en ce moment d'une difficulté à entendre Dieu", dit-il un peu plus tard.
Il déclarera au président fédéral, Horst Koehler, que l'Allemagne devrait faire un effort afin de mieux intégrer ses musulmans. Lale Akguen, un représentant musulman SPD au parlement, dit ensuite "Même les musulmans, en Allemagne, peuvent désormais dire 'Wir sind Papst' (nous sommes Pape: voir ici http://beatriceweb.eu/baviere/documentation/livres/wirsindpapst.html).
Chaque étape du voyage en Bavière fut symbolique. Y compris quand il resta en prière privée à la chapelle d'Altötting, plus longtemps qu'il ne l'avait jamais fait ailleurs.

L'enchaînement bien orchestré des rencontres et des manifestations incluait également une 'conférence' à l'Université de Ratisbonne, où il fut plusieurs années professeur. Il parla de la tendance moderne à considérer la foi et la raison comme deux choses séparées, et déclara "une raison qui est sourde à Dieu, et qui met la religion de côté, est incapable d'engager un dialogue entre les cultures".
Personne ne trouva à redire à la conférence. Le site Spiegel Online commenta sur le ton de l'ennui "Le Pape était là -et alors??" Il avait plaidé pour le dialogue avec l'Islam, mais sans y mettre une emphase particulière.
Quand, quatre jours plus tard un tollé organisé dans les pays musulmans conduisit à voir des églises chrétiennes incendiées, le ton changea. Le chef spirituel de l'Iran, l'Ayatollah Ali Chameini, qualifia la conférence du Pape comme "l'ultime épisode d'une conspiration en vue d'une nouvelle croisade".
Tout à coup, même les commentateurs allemands se mirent à claironner, sur un ton outragé, qu'un homme comme Ratzinger aurait pu choisir ses mots avec plus de soin! Tout cela à cause d'une citation arbitrairement extraite de la conférence du Pape. Benoît avait cité une conversation entre l'Empereur byzantin Manuel II Pléologue, et un musulman "lettré", qui s'était déroulée aux alentours de l'an 1400.
Le souverain pontife avait-il joué involontairement avec le feu? Que nenni! La citation venait d'un livre qu'il avait lu peu auparavant, comme exercice spirituel, et qu'il avait encore en mains à ce moment.

Qu'il s'en soit servi pour sa conférence montre à quel point il apprécie les déclarations claires. Comme professeur, il était déjà connu pour utiliser des citations à fort pouvoir évocateur afin de mettre en évidence un point précis. Personne n'avait vérifié son texte à l'avance (No one had checked out his text beforehand).

Plus tard, il aurait dit: "la conférence était une invitation à un dialogue sérieux, avec un grand respect mutuel".
Ratzinger n'est pas un activicte, qui exécute des plans longuement prémédités. Il se voit plutôt comme un instrument de la Providence, qui cherchent des signes envoyées par le Créateur, afin de trouver sa voie. Il examine la tournure que prennent les choses, et agit en conséquence. Une telle tempête peut parfois devenir une bénédiction, dut-il penser après le premier 'bombardement', notant le ciel chargé, mais pensant que l'orage finirait par s'éloigner.
Et c'est ce qu'il advint. Deux mois plus tard, après la visite en Turquie, le ton changea de nouveau. "Les explications du pape ont été plus que satisfaisantes", dit le grand mufti de Syrie, le Sheik Hassoun. Le supposé 'faux-pas' (en français dans le texte) devint une borne indicative.

Le journal islamique modéré 'Zaman' fit son titre sur le "message de paix du pape", et que, finalement, le dialogue entre les religions, était en bon chemin. "Les musulmans acclament Benoît" proclama cette fois 'Der Spiegel'.

A suivre...

Partie I: Peter Seewald dans "Vanity Fair"
Partie II: Peter Seewald dans "Vanity Fair" (II)
Partie III: Peter Seewald dans "Vanity Fair" (III)


Les "100" du Time Magazine | Peter Seewald dans "Vanity Fair" (V)