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UN ARTICLE DU PÉLERIN SUR BENOÎT XVI
 

A l'approche du deuxième anniversaire de son élection, et du quatre-vingtième anniversaire de sa naissance, le 'contexte éditorial' est favorable. Est-ce une raison pour noircir du papier et écrire n'importe quoi?
Cette fois, c'est le Pélerin qui ouvre un "dossier" (c'est une mode, cf le Figaro de samedi: Un dossier sur le Vatican dans le Fig Mag ) qui, sous le titre Comment gouverne Benoît XVI, prétend lever pour nous les "secrets" de la Curie.


 
 

L'article, dans une première lecture, semble bienveillant. Le paragraphe d'entrée, intitulé "un Pape aux multiples qualités" (merci pour lui!!) nous apprend que " Benoît XVI n'est pas seulement un grand théologien, c'est un homme d'une intense spiritualité. Il sait faire preuve d'une immense délicatesse, en même temps que d'une profondeur de pensée et d'une limpidité dans l'expression étonnantes" (cardinal Poupard). Comment prétendre le contraire, sauf à se ridiculiser?
La suite est beaucoup moins sympathique. Le titre du second paragraphe est suffisamment trouble pour susciter une curiosité dénuée de bienveillance: les "zones d'ombres" suggèrent en effet quelque secret inavouable, qui ne vient d'ailleurs pas, et pour cause.

Ayant lu beaucoup de ce qui s'était écrit en France dans la grande presse depuis l'élection d'avril 2005, je puis témoigner que cet article est une compilation de lieux communs. Déjà écrits partout, lus, relus et archi-ressassés. Et depuis longtemps considérés comme caducs par tous les journalistes bien informés ayant leurs entrées au Vatican -ils ne sont malheureusement pas français-
On croirait lire le "vaticaniste" du Monde (cf Le monde d'Henri Tincq ) dans une version certes légèrement édulcorée, mais tout aussi critique sur le fond. Tout y passe: aucun talent d'organisateur, pas de tempérament de pasteur, encore moins de décideur, trop d'attentisme dans les réformes, notamment à la Curie, et des vélléités rarement suivies d'effets, apparitions publiques "réduites au strict minimum" (???), maladresse dans les rapports humains, ou la communication (illustrée par l'épisode-Ratisbonne): bref, une synthèse.
Avec un argument-massue, qui illustre une absence de déontologie regrettable chez un journaliste écrivant pour un magazine réputé chrétien": on a eu bouche avec un observateur tenu à garder l'anonymat! - procédé d'autant plus vicieux qu'il laisse supposer que dans l'entourage immédiat du Saint-Père, il y a des collaborateurs d'une loyauté douteuse - Autrement dit, on peut écrire n'importe quoi, puisque la source est, par définition, invérifiable.
Caroline Pigozzi avait écrit un article dans Paris-Match en septembre dernier, un peu plus 'people', mais finalement tout aussi tendancieux, très semblable à celui-là, et utilisant lui aussi l'artifice usé de 'l'informateur anonyme'.

Le passage sur les "papes de l'histoire récente" ( tous ont été formés à l'école de la diplomatie vaticane, comme Paul VI, ou forgés par l'histoire, comme Jean-Paul II), je crois l'avoir déjà lu récemment. D'ailleurs, on n'en cite que deux. N'aurait-il pas été plus honnête, au contraire, de souligner à ce propos la signification du choix de Joseph Ratzinger, en ce nouveau millénaire: un pape théologien, et non pas politique, qui remet la foi à sa place centrale?

Le clou est le paragraphe final, où, pour justifier les prétendues insuffisances du Saint-Père, on s'appuie sur ses propres mots, si émouvants, pronononcés le 19 avril 2005 à la loge des bénédictions: "Mi consola il fatto che il Signor sa lavorare anche con instrumenti insufficenti".

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Je repense aux paroles de l'évêque de Namur, et à son humour décapant, lorsqu'il s'exprimait récemment sur les réactions médiatiques à l'exhortation post-synodale: "Le Mozart de l'Eucharistie"
La presse rend des services inestimables dans nos sociétés démocratiques. Mais je suis quand même régulièrement sidéré par la déconcertante humilité de certains journalistes qui, sans doute pour éviter qu'on ne se fasse d'eux une idée trop élevée, jugent indispensable de se comporter régulièrement comme des potaches et, en vertu d'un étrange masochisme expiatoire, s'appliquent laborieusement à écrire des commentaires dont l'indigence conduit les lecteurs à déconsidérer leur profession. Ô les abîmes du coeur humain...


 

L'article du Pélerin


Mise au point (6 avril)

A propos de l'article du "Pélerin"



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