Vous vous trouvez ici: Humeurs Octobre 2006  
 HUMEURS
Septembre 2006
Octobre 2006
Novembre 2006
Décembre 2006

ELOGE DU SILENCE
 

J'avais déjà parlé de l'homélie prononcé par le Saint-Père, lors de la messe de conclusion de la dernière session de la commission théologique internationale.
La version complète se trouve aujourd'hui sur le site du Vatican.
J'aime ce texte, de son propre aveu pas écrit d'avance (encore un de ses discours "a braccio"), mais certainement très profondément mûri dans son coeur et dans sa tête, et donc reflet quasi "photographique" de sa pensée. Luigi Accattoli l'avait d'ailleurs très bien souligné ("C'est un texte parlé, reproduit par la salle de presse du Vatican, qui dans sa vivante imprécision linguistique, nous révèle mieux que les écrits la pensée spontanée du pape").

Plus encore que l'appel à résister à la dictature des opinions qui m'avait paru alors prééminent, j'y vois une invitation au silence et à la méditation.
Elle s'applique en premier lieu, certes à ses pairs théologiens, donc à lui-même (on reconnaît son extraordinaire modestie), et à cet égard, sa conclusion est superbe et émouvante ( Est-il vrai que celui qui m'écoute, écoute réellement le Seigneur? Prions et travaillons pour qu'il soit toujours plus vrai que celui qui nous écoute, écoute le Christ. ) mais nous devons aussi la prendre pour nous: en cette époque de "communication" frénétique et de paroles précipitée, où chaque jour nous submerge d'un flot d'informations dont nous n'avons nul besoin, et qui seront oubliées aussitôt qu'entendues, chacun de nous, il me semble, est invité à ..."dans la logorée de notre époque, et d'autres époques, dans l'inflation des paroles, rendre présentes les paroles essentielles" .

Beaucoup parmi ses adversaires -et même parmi ses amis- reprochent au Saint-Père son "mystère", sa réserve, ses "silences", justement (en 18 mois de pontificat, il n'a écrit qu'une seule encyclique!!!). Et voilà qu'il leur répond, de la façon la plus claire: "Cela me fait penser aux dernières semaines de la vie de saint Thomas. Au cours de ces dernières semaines, il n'a plus écrit, il n'a plus parlé. Ses amis lui demandent: Maître, pourquoi ne parles-tu plus, pourquoi n'écris-tu pas? Et il dit: Devant ce que j'ai vu, à présent, toutes mes paroles me semblent comme paille".

Dans ce texte assez court (moins de 2 pages), on trouve le mot silence pas moins de 14 fois. Et une fois le mot logorée, qui a quand même une très forte connotation négative!
Quelle leçon!!

> Lire ici: Silence et contemplation


Un motu proprio annoncé

Je me rends bien compte que je suis piégée par ma logique, et que si je mène mon raisonnement à son terme (mais je n'y suis pas encore prête), je dois moi aussi tenter de m'imposer un silence relatif, et au moins espacer mes modestes réflexions dans ces pages. Ou les réduire, comme aujourd'hui, à quelques belles images, propres à faire aimer le Saint-Père en le montrant tel qu'il est vraiment, simplement parce que je trouve important de continuer à manifester mon adhésion à son enseignement et mon affection pour sa personne.

Que restera-t'il demain de tous ces "blogs" et autre sites internet dont nous sommes submergés?
Ils me font penser à des mouchoirs jetables.... Même le support en est fragile, destiné très vite à devenir obsolète (quel format auront dans l'avenir les fichiers échangés sur Internet... si Internet existe encore sous cette forme?), voire à disparaître physiquement (qui peut être sûr que l'hébergeur de blog qu'il utilise continuera à lui offrir demain le même service?).
Chacun sait en effet que tel site que l'on visite aujourd'hui avec assiduité nous conduira peut-être un jour devant la page presque blanche au message redouté "unfound URL" ou "la page que vous demandez n'existe plus".
On m'objectera que le caractère éphémère est ce qui distingue l'information de l'histoire, et que rares sont les gens qui archivent les journaux sur leur support en papier: justement, est-ce bien utile de surenchérir sur ce que nous voulons critiquer?
Bref, tout cela sert-il à quelque chose? A écrire l'histoire un jour, peut-être? Mais, sans reparler du problème de la pérennité du support, on voit bien qu'en dépit des formidables moyens d'investigation dont on dispose, l'histoire, même récente, n'a jamais été plus malmenée.
Cette "information instantanée", cette frénésie de savoir tout tout de suite, ces réactions "à chaud", qu'il semble tellement facile de faire partager au monde entier en temps réel, et qui ne peuvent pas prendre le temps de la maturation auront-elles un prolongement demain? En réalité, elles ne font que soulever l'écume.
Qui songe encore au concert de voix indignées ayant suivi le discours du Saint-Père à Birkenau? Aux clameurs disproprtionnées qui ont accompagné son voyage à Valence, avec l'annonce de grandes manifestations d'hostilité de la part des gays?

Aujourd'hui, après la "bombe" de Ratisbonne, dont les effets commencent à s'estomper (d'autant plus que rien de ce qui y était dit ne constituait une nouveauté, le thème de le déshellénisation de la Chrétienté, par exemple, ayant été traité en détail dans un livre publié en 2005 et intitulé "Valeurs pour un temps de crise", à croire qu'aucun de ces "spécialistes" n'a jamais lu une ligne de Joseph Ratzinger), voilà que les medias -et les blogs ne bruissent que de la rumeur d'un prochain motu proprio libéralisant la célébration de la messe dite de Saint-Pie V.

Et de couvrir des pages entières, dans le seul but de l'empêcher d'agir sereinement et de faire pression, dans un sens ou un autre sur SA décision.

On y cite en vrac, on y reproduit même in extenso des articles de La Croix, l'Humanité (un comble!!), Libération, la presse étrangère de gauche , en particulier la Libre Belgique , etc., dont les journalistes ne passent pourtant pas précisément pour des piliers de sacristie, et, comme l'avait dit P. de Plunkett , se moquent éperdument que la messe soit dite en latin, en chinois ou en esperanto, avec le célébrant dos ou face au peuple, ou de profil, ou même au fond de l'église, vu qu'ils n'y mettront jamais les pieds...
Il est clair que les medias "conventionnels" n'ont d'autre but que de semer la zizanie pour susciter l'échec, et les bloggers... disons de ma famille de pensée, à leur corps défendant, sans doute, leur servent de caisse de résonnance. Cela dure depuis presque un an!!!

Donc, si on ignorait ces gens-là? (moi en premier) Si on LUI faisait confiance?

Et je ne parle ici que des faits en relation avec le Pape!! Que dire du reste, démodé puis oublié sitôt publié!

La seule utilité de toute cette agitation, pour l'instant est de ne pas abandonner totalement le terrain aux "autres" (c'est un peu à quoi sert le Sénat, en France). Je ne vois que celle-là.
Pendant ce temps, heureusement, l'Eglise poursuit son chemin. C'est peut-être ce qu'il dirait lui-même.


 

> Haut de page