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LUIGI ACCATTOLI ET 'IL POVERO PAPA'
 

Le 7 novembre, la Salle de presse du Vatican avait rendu public un discours que Benoît XVI était censé avoir adressé aux évêques suisses, en visite ad limina ( cf ESM ).
Le lendemain, un rectificatif avait été publié, indiquant que ce discours (qui "reflétait le contenu d'une ébauche préparée pour la visite des évêques suisses en 2005", sous le pontificat de Jean Paul II) n'avait pas été prononcé, le Saint-Père ayant improvisé à la place en allemand. Les medias avaient immédiatement glosé sur un prétendu sabotage, alors que sur son blog, Luigi Accattoli plaidait avec un certain amusement pour une simple erreur humaine.
La version définitive du discours figure à présent sur le site du Vatican, mais seulement en italien et en allemand...
La version italienne, que j'y ai lue, ne correspond pas exactement à la version (très crédible, et probablement très fidèle) qu'en donne Luigi Accattoli: lui a reproduit volontairement "l'imprécision des termes" inhérente au langage parlé lorsqu'il ne s'agit pas d'un texte préparé.


 
 

Ajout du 19 novembre: Jeanne Smits a traduit la version française. C'est un très beau texte, qui dit des choses fortes avec des mots simples, et qui donne l'espoir; j'aimerais y revenir.
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J‘ai souvent entendu dire que les gens d’aujourd’hui ont une nostalgie de Dieu, de la spiritualité, de la religion, et que l’Eglise elle aussi recommence à être considérée comme une interlocutrice possible ... Une certitude grandit à nouveau : l’Eglise est une grande porteuse d’espérance spirituelle, elle est comme un arbre où les oiseaux peuvent construire leurs nids, même s’ils veulent s’envoler plus tard…"

Voir sur le blog de Jeanne Smits
Texte ici: Discours aux évêques suisses (traduction J. Smits)


Le blog de Luigi Accattoli

Benoît: "Peut-être est-il convenable, aujourd'hui, que le Pape soit "pauvre"
Luigi Accattoli, 17 novembre 2006
Version italienne complète

Je reviens sur le discours "a braccio" prononcé par le Pape aux évêques suisses le 9 novembre: il se prête à mon projet de montrer la force des paroles dont dispose Benoît XVI (voir ici et ici). Ce discours, je l'ai étudié, je l'ai laissé reposer en moi, et à présent je le reprends dans ses passages les plus significatifs. (il y aura d'autres posts...)
Le Pape, avant tout, s'excuse de parler "a braccio". En ce qui nous concerne, nous considérons ses paroles improvisées comme une bonne opportunité pour entrer dans ses vues, et la même chose -je l'imagine- aura été ressenti par les évêques qui l'écoutaient. Mais lui se désole de ne pas avoir eu le temps d'une réflexion accomplie, exprimée sur une page écrite: "Je voudrais m'excuser aussi parce que que je me suis présenté déjà le premier jour sans un texte écrit: naturellement, j'y avais un peu pensé, mais je n'ai pas trouvé le temps d'écrire. Et ainsi, en ce moment aussi, je me présente avec cette pauvreté; mais peut-être le fait d'être pauvre dans tous les sens du terme est-il ce qui convient à un pape, en ce moment de l'histoire de l'Eglise".
Ici, la pauvreté réelle -à laquelle fait symboliquement allusion cette absence de texte écrit -est l'absence de réponse satisfaisante aux nécessités vécues aujourd'hui par l'Eglise: les vocations décroissent, la pratique cale, les baptêmes diminuent, les mariages s'affaiblissent: que faire? "Je ne le sais pas" avait-il dit aux évêques allemands en août 2005 à Cologne, et il dit aujourd'hui, en substance, la même chose aux suisses. La pauvreté de se trouver sans discours fait donc allusion au manque de réponses sûres, typique de l'Eglise aujourd'hui.
Dans cette demande d'excuse, nous trouvons aussi l'explication de la raison pour laquelle le "pauvre" pape sans réponse, n'a pas pu supporter qu'on déclarât comme prononcé le discours que, le 7 novembre, en ouverture de la visite des évêques suisses, le Secrétariat d'état avait transmis à la salle de presse du Vatican. Ce texte avait bien été écrit, mais il n'était en fait pas porteur des réponses tant attendues. Et pas seulement: en lui, on ne trouvait même pas la conscience de la pauvreté des réponses. Une conscience que Benoît présente comme précieux point de départ pour la prière et la réflexion.


La montre du Pape

Et voici un commentaire d'un lecteur, assorti d'une anecdote que je ne connaissais pas:
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"Le Pape est un homme modeste, sobre, allant à l'essentiel. Il n'aime pas les fioritures, et par-dessus tout il déteste les discours préfabriqués, remplis de paroles creuses qui tournent autour des arguments sans rien dire ou qui répètent toujours les mêmes concepts sans les approfondir.
Voici un exmple du style de Papa Ratzinger (sans rapport avec notre propos, mais il donne la clé de l'homme Benoît)

Joseph Ratzinger n'a pas de préférences particulières, mais il lui a récemment été offert une montre Piaget. Quand on lui a dit qu'il s'agissait d'une marque renommée, Benoît XVI a observé avec courtoisie qu'il connaissait seulement
Jean Piaget , un célèbre spécialiste en psychologie et philosophie qu'il avait rencontré au cours de ses études. Le secrétariat du Vatican a fait porter la montre à la bijouterie Rocchi, dans les ruelles du Borgo Pio, là où travaille une famille d'artisans qui, depuis des siècles, réparent les montres des Papes et des cardinaux. Seule intervention: changer le bracelet, et en mettre à la place un blanc, de peu de valeur.
Tel est Ratzinger: comme allemand, il se préoccupe seulement de ponctualité
".
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L'inconnue Benoît XVI | Novembre 2006