Evidemment, il est (presque) sûr de ne pas se tromper. Mais avec Benoît XVI, tout est possible (7/5/2009)

La troisième option (une semaine amicale et sans incident qui laisse derrière de beaux souvenirs, même si elle ne change pas le monde) ne serait pas la bonne, c'est évident.
Cela me fait penser à une réplique mise dans la bouche de Verdière/Lefebvre, dans le livre de Michel de Jaeghere "Confiteor ou la paix de l'Eglise" (http://benoit-et-moi.fr/2009/... )
S'ils venaient un jour à encenser l'un de mes discours ou l'un de mes livres, il me semble que je me relirais avec inquiétude, en me disant: qu'ai je donc bien pu dire qui leur ait laissé croire que je trahissais l'Église ?



Texte en anglais sur le site de NCR: http://ncronline.org/...
Pope's Holy Land pilgrimage a huge roll of the dice
--------------
Ma traduction



Le pèlerinage du Pape en Terre Sainte, un immense jet de dé
Des évènements papaux très chorégraphiés, mais ici tout peut arriver
----------------------------------
Le premier livre de Benoît XVI, en tant que pape est une méditation sur les Evangiles, intitulé Jésus de Nazareth, et l'année dernière, il a convoqué un synode des évêques consacré à la Bible. Pour ce pape, en particulier, les lieux, les personnes et les événements de la Terre Sainte, sont profondément enracinées dans sa spiritualité et ses intérêts intellectuels, faisant de son voyage du 8 au 15 Mai en Jordanie, Israël et dans les Territoires palestiniens, qui s'ouvre demain, un pèlerinage long et attendu - probablement la dernière occasion pour le pontife de 82 ans de marcher dans les traces du Christ.

Le voyage est aussi, cependant, un énorme jet de dé.

Alors que la plupart des activités du pape sont très chorégraphiés et souvent assez prévisibles, c'est l'une des rares entreprises où presque tout peut arriver. Le voyage pourrait être une catastrophe ou un triomphe éclatant. Ou bien, il pourrait être beaucoup moins dramatique - à peine plus qu'une série de photos lisses et de langage diplomatique sirupeux. Tout dépend de la façon dont les choses tournent.
...

- Tout d'abord, le cas de la catastrophe.
Dans les quatre ans de son pontificat, Benoît XVI a montré au monde une foule impressionnante de qualités: brio théologique, foi profonde, humilité et bienveillance, et l'aptitude d'un enseignant à la clarté et à la synthèse. Même ses plus ardents admirateurs, cependant, admettent que la diplomatie internationale et les "relations publiques" n'ont pas toujours fait partie de ses compétences. Entre autres choses, Benoît XVI a eu une relation chaotique avec les musulmans et les juifs, même si au fond, il se considère lui-même comme un ami des deux confessions.
Ajoutez cela à l'éternelle poudrière du Moyen-Orient, et il n'y a pas besoin de beaucoup d'imagination pour évoquer un certain nombre de façons dont ce voyage pourrait dérailler. Une des causes d'imprévisibilité, c'est qu'une grande partie n'est pas sous le contrôle du pape: comme le Père Pierbattista Pizzaballa, franciscain de la Custodie de Terre Sainte, l'a dit, "Le pape est d'une certaine façon dans une maison de verre, avec le danger caché d'être exploité."
Comme preuve de cet aspect, considérons la célèbre visite de Jean-Paul en Terre Sainte, en 2000. Aujourd'hui, ce voyage est rappelé comme une des icônes parmi les événements de la fin du 20ème siècle, essentiellement en raison de l'image indélébile du vieux pape de santé fragile debout devant le mur occidental de Jérusalem (Mur des Lamentations, ndt) pour expier l'antisémitisme Chrétien. On se souvient moins, cependant, de plusieurs autres moments, pas exactement remplis de douceur et de lumière. Par exemple, que le Grand Mufti de Jérusalem, à la mosquée Al-Aqsa a accordé une interview à la veille de la rencontre avec Jean-Paul II, dans laquelle il a nié que six millions de Juifs aient péri durant l'Holocauste, ajoutant: "Ce n'est pas de ma faute si Hitler haïssait les Juifs. Quoiqu'il en soit, ils sont détestés un peu partout. " Plus tard, au cours d'une réunion interreligieuse, un rabbin a affirmé que Jean-Paul II a confirmé la présence de la souveraineté israélienne sur Jérusalem, provoquant un cheikh musulman à déclencher une diatribe anti-israélienne. Rien de tout cela n'a été le résultat de ce que le pape a dit ou fait, mais sa simple présence l'a déclenché.
Si le voyage de Benoît génère le même type de turbulence, sans une grande image de réconciliation pour faciliter les choses, on pourrait avoir un parcours agité.

- Il est également possible, toutefois, d'envisager l'exact opposé - un morceau de bravoure papal qui transforme la figure publique de Benoît et, surtout, apporte un espoir pour la Terre Sainte à de multiples niveaux.
Durant ses précédents voyages à l'étranger, Benoît a le plus souvent saisi l'occasion. En Turquie, à la fin de 2006, il est resté en prière silencieuse dans la Mosquée bleue d'Istanbul, avec le Grand Mufti, offrant une image classique de fraternité. En un éclair, ce moment a défait une grande partie des dommages issus d'un discours controversé à Ratisbonne, en Allemagne, deux mois plus tôt, qui avait irrité les musulmans à cause d'une citation par Benoît d'un empereur byzantin qui avait lié Mahomet à la violence. Aux États-Unis en avril 2008, Benoît XVI a accompli une autre performance magistrale. Plus particulièrement, il a contribué à panser les plaies de la crise des abus sexuels avec sa sincérité, et sa rencontre sans précédent avec les victimes. Les sondages montrent qu'une large majorité des Américains ont considéré ensuite le voyage comme un succès, disant qu'il avait amélioré l'image de l'Église catholique.
Si Benoît est une fois de plus au sommet de son jeu, cette semaine, le voyage peut devenir une autre vitrine pour le pape - apportant potentiellement une contribution importante au processus de paix, revitalisant la présence chrétienne déclinante en Terre Sainte, et établissant les relations entre Juifs et musulmans sur une nouvelle voie.
C'est évidemment le meilleur résultat.
- Pour être honnête, la légion d'organisateurs locaux, de fonctionnaires du Vatican, et de personnel de sécurité, chargée des détails du voyage se contenteraient sans doute de quelque chose de plus modeste - une semaine amicale et sans incident qui laisse derrière elle de beaux souvenirs, même si elle ne change pas le monde. (Israël est en train de mobiliser à lui seul quelque 80.000 agents de sécurité pour protéger le pape, mais les fonctionnaires disent qu'ils n'ont aucune information sur des menaces spécifiques.)
D'où le suspense des sept prochains jours:
Lequel de ces scénarios - ou, peut-être, la combinaison des trois - se réalisera?





Revue de presse du 7 mai Une très étonnante interviewe