de la Custodie de Terre Sainte - sur Radio Vatican. "J'ai peur qu'il ne se fasse crucifier".
Elle vit sur place, et son témoignage est de ceux que vous ne lirez sans doute pas dans la presse française. Transcription (9/5/2009)



J'ai eu le privilège d'avoir une brève correspondance avec Marie-Armelle Beaulieu, responsable du site Internet de la Custodie de Terre Sainte (en lien ci-contre).
Elle vit là-bas, son témoignage est précieux.
Ecoutant cette interviewe, sur Radio Vatican, j'ai pensé qu'elle méritait non seulemnt d'être réécoutée, mais même transcrite, ce que j'ai essayé de faire.
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Entretien audio de Romilda Ferrauto avec Marie-Armelle Beaulieu, journaliste, responsable du site Internet et de la revue de la custodie de Terre Sainte. Son.
Transcription (pas tout à fait complète)



J'ai peur que Benoît XVI ne se fasse crucifier.
Après la crucifixion, il y a la résurrection, mais ça va être un moment difficile.
S'il restait sur le sens spirituel de l'importance de la terre Sainte dans le passé et dans le présent, on lui en ferait le reproche, car ici le politique et le spirituel sont mêlés. S'il aborde la question politique... ça va être très difficile: comment prendre position?
Les plus préoccupés sont les chrétiens; alors que les israéliens sont prêts à dérouler le tapis rouge, les chrétiens pourraient ne pas venir en masse aux messes. La principale raison en est les conditions de sécurité qui entourent toutes les célébrations. Par exemple, à la messe de Gethsémani à Jérusalem, le 28 mai, 5000 à 6000 personnes sont attendues, et il y aura 28000 policiers. Tous les check-points et les contrôles risquent de décourager.
Intérêt du gouvernement israélien malgré les polémiques: si le Pape vient réaffirmer l'attachement légitime de l'Eglise au judaïsme qui est notre source -Jésus est juif - les juifs, qui ne partagent pas ce point de vue pour autant, ne peuvent être que très contents, puisqu'ils espèrent tirer de cette affirmation religieuse un bénéfice politique: en effet, le peuple d'Israël qui nous a donné le messie s'appelle toujours Israël, mais c'est aujourd'hui un état qui porte le même nom. La collusion entre l'institution ecclésiale et l'institution étatique est extrêmement facile à faire, et certains ne s'en priveront pas.
Les chrétiens qui sont en majorité arabes craignent que par les nombreux contacts qu'il aura avec la partie israélienne, le Pape puisse cautionner la situation actuelle. Israël a besoin de combler un déficit d'image depuis la guerre de Gaza....
Israël a besoin du christianisme pour des raisons économiques. Israël vit de son tourisme - tourisme des plages, tourisme aussi du pélerinage. Les Palestiniens redoutent qu'à travers cette bonne image qu'ils veulent donner, le Saint-Père ne soit amené en quelque sorte à donner sa bénédiction à la politique d'Israël dans les territoires.

L'étape jordanienne est importante. C'est le lieu pour le Saint-Père de dire dans quel esprit de dialogue et de respect il se place vis-à-vis de l'islam, comme il le fera en Israël vis-àvis du judaïsme.
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En Jordanie, contrairement à ce qui se passe en Israël, les chrétiens vivent dans un état stable, dans une vraie liberté religieuse.

Ce que j'attends de ce voyage: ce que le Saint-Père s'est proposé lui-même de faire, venir encourager la chrétienté locale à demeurer ici malgré toutes les difficultés, et je crois qu'il est capable de donner cet encouragement pastoral aux chrétiens qui vivent dans tout le Moyen-Orient.
Il y aura des visites protocolaires, mais c'est un pélerinage. Dans le cadre d'un pélerinage, on ne se rend pas seulement sur les pas de Jésus, que nous aimons, qui est mort et ressuscité ici, mais Jésus a donné naissance à l'Eglise, et l'Eglise est toujours vivante ici, le Saint-Père vient à la rencontre d'une Eglise vivante. On a besoin de son encouragement à rester.
On a mille raisons de fuire ce pays, donc le Saint-Père vient nous encourager à rester sur place, et je crois qu'il est capable de réussir cela.
- Il faudra que les chrétiens qui vivent ici sachent venir à sa rencontre, aient le courage de venir à sa rencontre, et ne se laissent pas décourager par les innombrables tracasseries qu'ils devront peut-être affronter pour venir prier avec le Pape.
"C'est un vrai défi, parce que cela va leur demander de prendre énormément sur eux, passer outre ces conditions sécuritaires abracadabrantesques. Oui, il va falloir qu'ils viennent.
Ce matin, quelqu'un m'a dit "quand je suis passé sous le drapeau jaune du Vatican, je me suis senti fier". Or, cette personne ne voulait pas voir venir le Pape. Donc, ce petit signe, ce drapeau du Vatican qui flotte un peu partout dans Jérusalem... cette chrétienté est fière d'être chrétienne ici, et même si aujourd'hui il y a des réticences, j'espère qu'il y aura un sursaut des populations locales chrétiennes pour aller à la rencontre du pape, qui vient les renconter.





Le journal de bord de "La Vie" Une désarmante simplicité