Il ne craint pas la polémique. Mais son billet fait du bien à lire! (16/5/2009)

http://querculanus.blogspot.com/
Ma traduction:



samedi 16 mai 2009
Un grand voyage
-------------------
Finalement, le voyage de Benoît XVI en Terre Sainte s'est conclu.
Le temps est venu de faire les comptes.
Ce n'est certainement pas à moi de faire un bilan exhaustif du pèlerinage, aussi parce qu'il aurait été nécessaire de le vivre à la première personne : le Pape est peut-être le seul à pouvoir exprimer un jugement adéquat sur la façon dont les choses se sont effectivement déroulées.
Mais, pour le peu qu'il m'a été possible de percevoir à travers les media (surtout internet), il semble qu'on puisse établir quelques points.

1. Avant tout, nous devons pousser un soupir de soulagement (ndt: c'est vrai que le père Scalese avait émis quelques inquiètudes... légitimes, dans un billet de mars dernier, intitulé "brutti pressentimenti", mais il n'était pas le seul à en avoir, de sombres pressentiments...) pour le fait que le Saint-Père s'en soit sorti indemne. Peut-être penserez-vous qu'au fond, il n'y avait pas lieu de s'inquiéter, qu'il ne s'agissait de ma part que des manies d'un incurable adepte de la théorie du complot. Il se pourrait que ce soit vrai. Il y en a cependant qui soutiennent que démasquer certaines voix n'est pas inutile, et pourrait même servir à arrêter d'éventuels malintentionnés (qui pourraient ainsi se sentir découverts). Je ne sais pas.
Je sais de façon certaine que les innombrables prières qui de toute l'Église sont montées vers le Ciel pour son Pasteur n'ont pas été inutiles. En tout cas, aujourd'hui, je suis très content que mes inquiètudes aient été sans objet.

2. Beaucoup sont restés déçus par les résultats de la visite :
- les juifs, parce qu'au Yad Vashem le Pape n'a pas parlé de nazisme, parce qu'il n'a pas prononcé le nombre (...) « 6 millions », parce qu'il a employé le terme « tués » et non « exterminés », parce qu'il n'est pas entré dans le Musée (où il y a la photo de Pie XII avec la légende discutée), mais surtout parce qu'il n'a pas demandé pardon pour les fautes de l'Église ;
- les musulmans, parce que Benoît XVI a rencontré les membres de la famille du soldat Gilad Shalit et pas ceux des prisonniers palestiniens, parce qu'il est allé au Yad Vashem pour rendre hommage aux victimes du Shoah, mais n'est pas allés à Gaza pour rendre hommage aux victimes de l'Holocauste actuel (ndt: le Père Scalese a déjà dit que le Pape était allé là où il le pouvait) ;
- les catholiques, parce qu'on a manqué de respect au Saint Père, parce que cette visite n'a pas été un « triomphe » comme tant d'autres voyages.

3. Moi, au contraire, je trouve que le pèlerinage de Benoît XVI en Terre Sainte ne pouvait pas mieux se dérouler. Il était impensable qu'un voyage très difficile puisse se réduire à une promenade ; il fallait s'attendre à des obstacles. Ce qui compte c'est que le Saint Père les a brillamment surmontés.
- Le premier aspect positif à remarquer est que ce voyage a été avant tout ce qu'il devait être : une visite aux chrétiens du lieu ; la rencontre du Pasteur avec son troupeau. Cela pourrait sembler prévisible; mais, au moins au début, ce n'était pas le cas. La Terre Sainte n'appartient pas seulement aux juifs et aux musulmans ; elle appartient aussi à nous. Pour les chrétiens, la Terre Sainte n'est pas un musée à visiter ; c'est le lieu où vit une communauté chrétienne, et pas la moindre. Il ne faudrait pas que, dans les tensions actuelles, ceux qui sont destiné à succomber soient finalement les chrétiens, forcés d'abandonner leur terre.
- Sur le plan politique, le Pape s'en est remarquablement tiré. Évidemment, comme nous l'avons déjà remarqué, il n'a pas pu éviter de payer l'inevitable péage ; mais - nous l'avons vu - quoi qu'il fasse, ce ne sera jamais suffisant pour certains rabbins hostiles. En tout cas, Benoît XVI n'a pas dit ce qu'il ne voulait pas dire (simplement parce que c'est faux) : que la faute de l'Holocauste revient à l'Église catholique. Au contraire, je ne sais pas si vous avez remarqué que dans un des derniers discours, où il a fait une référence explicite au nazisme, il l'a appelé une « idéologie sans Dieu ». En outre il n'a eu aucune crainte pour reconnaître le droit des palestiniens à une patrie à eux et à dénoncer publiquement, sans demis-termes, le mur de la honte qui sépare Israël des Territoires palestiniens. Davantage, le Pape ne pouvait pas faire, également parce qu'il n'est pas de son devoir d'assumer des responsabilités qui rivalisent avec d'autres (la référence à la « communauté internationale » est significative ).

4. La quotidien liberal Haaretz écrit symptomatiquement: « Les palestiniens ont gagné ! ». Cela décrit bien la mentalité avec laquelle cette visite a été vécue par beaucoup : une sorte de compétition entre les israéliens et les palestiniens.
Ils n'ont peut-être pas tous les torts : le voyage du Pape a montré au monde de quel côté était le tort et de quel côté la raison. L'attitude "effrontée" d'Israël est sous les yeux de tous (à part les polémiques, on pourrait énumérer toute une série d'interventions destinées à boycotter la visite papale) tout comme l'accueil chaleureux réservé au Pontife par les populations arabes (chrétiennes et musulmanes).
Mais, au-delà de cette distinction sommaire entre arabes et israéliens (qui ne rend pas raison de la complexité de la réalité), Benoît XVI, avec son style habituel énergique et doux, spirituel et pas politique, a été capable de faire la différence entre les extrémistes et les hommes de bonne volonté : entre ceux qui, dans chaque camp, parlent de paix (et sèment la haine) et ceux qui, sans clameur et en payant de leur personne, construisent une cohabitation pacifique entre les peuples.





Le Pape, combien de divisions? Dans l'avion de retour