Une analyse instantanée... et un peu décalée, des premiers pas du pape en Israël par le site en italien Missi on Line (11/5/2009)

Le discours du saint-Père est à lire sur le site de Radio Vatican: http://www.oecumene.radiovaticana.org/...






(Ma traduction)
À Tel Aviv, une bienvenue très politique (ici)
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11h30 : À l'aéroport Ben Gourion, une confrontation très subtile

Benoît XVI est arrivé en Israël, et à l'aéroport il a trouvé un accueil au style très « sabra » (ndt: une subtilité linguistique qui m'échappe peut-être, et que j'interprère comme "juif né en Israël, ce que confirme ce qui suit, mais quiconque a vu le direct sait qu'il ne s'agit pas d'une affabulation, et le contraste était saisissant avec l'atmosphère familiale et "bon enfant" d''Amman, 40 minutes plus tôt) c'est-à-dire « made in Israel ».
L'orgeuil patriotique est une constante de chaque bienvenue au Pape. Et dans ce Pays, un accueil bienveillant signifie ne pas faire d'économie sur les piquets, sur les honneurs militaires et sur les autorités qui saluent Benoît XVI à peine descendu de l'avion (il y avait la moitié du Parlement et gardez à l'esprit que dans la très longue file, il n'y avait pas de juifs pratiquants, non pas pour un acte d'impolitesse, mais seulement parce qu'aujourd'hui c'est une fête juive).

Pour en venir à la substance, là aussi les discours ont été très intéressants.

Le président et prix Nobel de la paix Shimon Peres a fait du Shimon Peres, comme nous le connaissons tous.
Discours de haut niveau, plein d'éloges au Pape pour sa mission spirituelle et pour les « graines de tolérance » qu'il jette sur le monde, grande confiance dans le dialogue entre les juifs et les chrétiens. Pourtant son but principal est - comme d'habitude - tout autre : vendre bien la marque Israël. Et même là, ce Shimon Peres n'a pas lésiné: il a décrit son Pays comme « un endroit où le respect de la liberté religieuse est total et où tous peuvent prier sans interférences » ; et il a dit qu'Israël « négocie avec les palestiniens pour arriver à la paix ». Que ce soient là les espoirs de Shimon Peres, nous n'en doutons pas. Peindre cependant ainsi la Jérusalem d'aujourd'hui nous a semblé un tantinet optimiste.

Que nous ne soyons pas les seuls à le penser, mais aussi le Saint Siège, cela s'est vu dans les mots du Pape. Qui a voulu tracer tout de suite les lignes politiques de sa présence, probablement pour pouvoir ensuite se concentrer davantage sur l'aspect spirituel du voyage, qui est ce qui lui tient le plus à coeur. De ce discours , trois passages méritent quelques commentaires.

1) Benoît XVI a tout de suite parlé de l'antisémitisme, thème sur lequel l'israélien moyen désire le plus l'écouter. Et ses mots ont été sans équivoque:

Le peuple juif a tragiquement fait l’expérience des terribles conséquences d’idéologies qui nient la dignité fondamentale de toute personne humaine. Il est juste et opportun que, pendant mon séjour en Israël, je puisse avoir la possibilité d’honorer la mémoire des six millions de Juifs victimes de la Shoah, et de prier pour que l’humanité ne soit plus jamais témoin d’un crime d’une telle ampleur. Malheureusement, l’antisémitisme continue de relever la tête en beaucoup d’endroits de notre monde. Ceci est totalement inacceptable. Tous les efforts doivent être faits pour combattre l’antisémitisme où qu’il se manifeste, et pour promouvoir le respect et l’estime pour les personnes de toute race, peuple, langue et nation dans le monde entier

Lutte contre l'antisémitisme - donc - pas seulement comme héritage du passé, mais surtout comme engagement présent.

2) Exactement comme à Amman, à Tel Aviv aussi le Pape a dit qu'il ne suffisait pas de proclamer la liberté religieuse avec des mots : il faut la respecter dans les faits. Et à Israël il a demandé un engagement bien précis :

Les trois grandes religions monothéistes ont, entre autres, en commun une vénération particulière pour cette cité sainte. C’est mon espérance la plus chère que tous les pèlerins qui se rendent sur les lieux saints puissent y avoir accès librement et sans restriction, qu’ils puissent prendre part aux célébrations religieuses et qu’ils puissent soutenir le digne entretien des lieux de culte qui se trouvent sur les sites sacrés.

C'était une réponse involontaire à Peres : ce n'est malheuresement pas vrai qu'à Jérusalem, tout le monde peut prier librement sans interférences. Les chrétiens des Territoires palestiniens peuvent aller au Saint Sépulcre deux fois par an, à Noël et à Pâques, lorsque la nonciature obtient des permissions particulières. Pour un religieux de nationalité jordanienne ou palestinienne, obtenir les visas de résidence en Israël est un parcours à obstacles. Quant aux musulmans, à peine y a t'il le moindre motif de tension, que la première mesure adoptée est d'interdire à toute personne de moins de 45 ans de monter prier à l'Esplanade des Mosquées. La conjugaison entre l'exigence de la sécuritété et le respect de la liberté religieuse est un problème très sérieux à Jérusalem.

3) Benoît XVI a parlé du processus de paix.


Bien que le nom de Jérusalem signifie « ville de la paix », il est trop évident que, depuis des décennies, la paix a tragiquement fait défaut aux habitants de cette Terre Sainte. Les yeux du monde sont tournés vers les peuples de cette région alors qu’ils s’efforcent de trouver une solution juste et durable aux conflits qui ont causé tant de souffrances. Les espoirs d’innombrables hommes, femmes et enfants de connaître un avenir plus stable et plus sûr dépend de l’issue des négociations pour la paix entre Israéliens et Palestiniens. Avec les hommes de bonne volonté, où qu’ils soient, je plaide pour qu’avec tous les responsables soient explorées toutes les possibilités afin d’aboutir à une solution juste aux difficultés persistantes, de telle sorte que les deux peuples puissent vivre en paix dans leur propre pays, à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues. À cet égard, j’espère et je prie pour qu’un climat de plus grande confiance puisse bientôt être créé qui permettra aux parties d’accomplir de réels progrès sur la route de la paix et de la stabilité.

Une invitation - à peine voilée - adressée au nouveau gouvernement du premier ministre Netanyahu (qui était à ses côtés) dont le ministre des Affaires étrangères Lieberman soutient explicitement que la négociation avec les palestiniens est seulement des mots vides.

Ultra-sécurité:
(Mesures de sécurité en Israël )
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Enfin une note de couleur : pour les cinq prochains jours, oublions la confusion d'Amman autour du Pape. Même ici, la sûreté israélienne, dans ses proverbiale procédures, ne joue pas à l'économie. Dix hommes autour de l'auto dans laquelle le Pape a parcouru les 200 mètres à l'intérieur de l'aéroport entre la tribune et l'hélicoptère. Dix minutes d'attente dans la voiture avant pouvoir monter à bord. Tout cela dans un aéroport qui est le lieu le plus contrôlé au monde et dans un instant où son espace aérien est fermé et parcouru par l'aviation de chasse.

Chers amis envoyés pour suivre le Pape: cette fois, Benoît XVI, je sais que vous le verrez avec des jumelles.





Ce Pape pas politiquement correct