... un langage fort et spirituellement exigeant. C'est le bilan de l'étape palestinienne de Benoît XVI vu par Jean Mercier, dont le carnet de bord sur La Vie marque un infléchissemnt nettement favorable (14/5/2009)

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Un mur qui ne subsistera pas toujours

par Jean Mercier
Mercredi 13 mai, Bethléem

Cela ne fera sans doute pas le bonheur des autorités israéliennes. Mais le mur construit par Israël pour se séparer des territoires palestiniens de Cisjordanie a été au centre des deux interventions de Benoît XVI ce soir, lors de sa visite dans le camp, mais aussi lors de son message d'au-revoir à la résidence de Mahmoud Abbas.

Au camp de réfugiés d'abord, le mur parlait de lui-même. Il dressait sa masse de béton et son mirador derrière le podium où était assis le pape, à une trentaine de mètres... « Dominant, au-dessus de nous qui sommes rassemblés ici cet après-midi, s’érige le mur, rappel incontournable de l’impasse où les relations entre Israéliens et Palestiniens semble avoir abouti. Dans un monde où les frontières sont de plus en plus ouvertes – pour le commerce, pour les voyages, pour le déplacement des personnes, pour les échanges culturels – il est tragique de voir des murs continuer à être construits. Comme il nous tarde de voir les fruits d’une tâche bien plus difficile, celle de construire la paix ! ». Lors de son adieu à Mahmoud Abbas, le pape s'est montré carrément prophétique : « Bien que les murs peuvent être facilement construits, nous savons que ils ne subsistent pas toujours. Ils peuvent être abattus. Il est d’abord nécessaire d’ôter les murs construits autour de nos coeurs, les barrières érigées contre nos voisins ».

Avec les habitants du camp, et surtout les officiels palestiniens, le pape a fait preuve d'une forte empathie, comme s'il trouvait les mots justes pour reformuler la souffrance de ses interlocuteurs, rompant avec l'image qu'il a pu véhiculer ces quatre derniers mois. « Vous vivez maintenant dans des conditions précaires et difficiles,avec des possibilités limitées de trouver un emploi. Il est compréhensible que vous vous sentiez souvent frustrés. Vos aspirations légitimes à un logement stable, à un État palestinien indépendant, demeurent non satisfaites. Au contraire, vous vous trouvez piégés, comme beaucoup d’autres en cette région et à travers le monde sont piégés, dans une spirale de violence, d’attaque et de contre-attaque, de vengeance et de destruction continuelle. »

Il reste de cette journée historique que le pape, sans doute pour la première fois (??) depuis son accession sur le trône de Pierre, a su trouver un langage très fort, de nature politique et en même temps spirituellement exigeant, sans jamais donner dans la démagogie.
Côté politique, le pape a appelé à une solution politique et non purement humanitaire, et supplié les « parties concernées » d'agir efficacement – une perche lancée à Obama et à l'Union européenne, mais aussi, peut-être à Ahmadinejad.
Côté spirituel, le pape a souligné le « grand courage nécessaire pour dépasser la peur et la méfiance, pour résister au désir de se venger des pertes ou des torts subis ». Le pape ne brosse personne dans le sens du poil : « les efforts diplomatiques ne pourront aboutir heureusement que si les Palestiniens et les Israéliens ont la volonté de rompre avec le cycle des agressions ».

Au fil de ses discours en terre palestinienne, Benoît XVI dresse l'horizon le plus évident qui soit, le plus difficile aussi : celui de la conversion.



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-> Un pasteur à Béthléem
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