Compte-rendu par Sandro Magister et dans Zenit en italien (13/5/2009)



Hier, j'ai eu plusieurs "retours" de ce qu'on pourrait appeler "le scandale suscité par un représentant islamique lors de la rencontre de Benoît XVI avec les dirigeants religieux à Notre-Dame de Jérusalem" (Haute tension à Jérusalem et Première analyse du Père Scalese ).

Sandro Magister nous livre son sentiment, appuyé sur le compte rendu du site Zenit en italien, et c'est légèrement différent - et surtout plus complet - que ce qu'en a dit la presse française. Il n'y a aucune raison de mettre en doute sa relation, qui, elle, ne fait pas l'impasse sur les propos tenus en arabe par le provocateur.



Incident à Jérusalem. Mais le cheik a dit ce que beaucoup pensent
http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/
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Benoît XVI venait de terminer son discours aux représentants des différentes religions réunies au centre Notre Dame de Jérusalem, lorsque le cheik musulman Taysir al-Tamini, délégué palestinien pour le dialogue interreligieux a tout à coup pris la parole.

Le cheik a parlé en arabe et le pape n'a pas pu comprendre ce qu'il disait. Mais le remue-ménage dans la salle laissait deviner qu'il s'agissait de mots âprement polémiques. Au terme de la rencontre, le directeur de la salle de presse vaticane, le père Federico Lombardi, a fait la déclaration suivante:

« L'intervention du cheik Tayssir Attamimi n'était pas prévue par les organisateurs de la rencontre. Dans un évènement dédié au dialogue, une telle intervention était une négation du dialogue. Souhaitons que cet incident ne compromette pas la mission du pape, dirigée vers la promotion de la paix et du dialogue entre les religions, comme il l'a clairement affirmé dans de nombreux discours de ce voyage. Souhaitons même que le dialogue interreligieux en Terre Sainte ne soit pas compromis par cet incident ». (*)

Une compte-rendu détaillé de l'incident est dans cette dépêche de l'agence Zenit (en italien, ndt).
On peut remarquer que les thèses soutenues par le cheik n'ont rien d'étrange, mais sont l'écho de choses dites, écrites et aussi pensées par beaucoup de non musulmans, laïques et catholiques, y compris des hommes d'Église.



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http://zenit.org/article-18219?l=italian

Portavoce vaticano: gli attacchi del delegato islamico negano il dialogo
Sull'intervento dello sceicco Taysir Al-Tamimi al "Notre Dame of Jerusalem Center"
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Jérusalem, 11 mai 2009 - Le Père Federico Lombardi, S.J., Directeur de la Salle de presse du Vatican, a commenté de façon négative l'intervention hors programme du cheik Taysir al-Tamimi, qui ce lundi soir, pendant la rencontre qui s'est déroulée prés de « Notre Dame of Jerusalem Center », a prononcé des mots d'accusation vis-à-vis d'Israël.

Après le discours du Pontife, le cheik al-Tamimi, le Président du Tribunal Suprême palestinien, choisi comme délégué palestinien pour le dialogue interreligieux, s'est approché au podium en prononçant un discours en arabe, accueilli par les protestations des représentants juifs présents qui ont menacé d'abandonner la salle.

Le représentant islamique a affirmé au début : « Je souhaite la bienvenue à sa Sainteté, le pape, dans la ville de Jérusalem, la capitale éternelle de la Palestine politique, nationale et spirituelle ».

Tout de suite après, malgré les interventions répétées du Patriarche Latin de Jérusalem, Sa Béatitude Fouad Twal, al-Tamimi a poursuivi en disant que « depuis qu'Israël a occupé Jérusalem, en 1967, il a transgressé toutes les lois religieuses et civiles, a détruit les maisons, a occupé les terres et il y a édifié des maisons pour les israéliens, chassant des milliers de ses habitants originaire ».

« Israël - a t'il continué - a fait de Jérusalem une prison, défendant aux musulmans et aux chrétiens d'y accéder et interdisant les prières dans les églises et les mosquées ».

« Il a creusé sous la Mosquée d'al-Aqsa dans le but de la détruire pour édifier une synagogue à sa place, en volant même les monuments archéologiques - a t'il affirmé -. Il a creusé les tombes des morts. Il a frappé les croyants qui priaient et a frappé aussi les moines dans l'Église de la Résurrection à Pâques ».

« En ce qui concerne la question de Gaza - a dit al-Tamimi - Israël n'a pas respecté les droits humains : un manque de respect des droits humains comme jamais cela n'était arrivé avant dans ce siècle ».

« Sainteté - a t'il ajouté -, je vous supplie au nom de l'Unique Dieu, de condamner ces crimes, de faire la pression sur le Gouvernement israélien pour arrêter les offensives contre le peuple palestinien, de libérer les milliers de détenus dans les prisons de l'occupation, de détruire le mur de séparation ethnique, d'ôter les installations et de redonner les terres occupées à leurs légitimes des propriétaires ».

Al-Tamimi donc a demandé au Saint Père d'intercéder « pour d'arriver à une paix juste qui reconnaisse pleins droits au peuple palestinien dans sa liberté et son l'indépendance, et permette aux réfugiés de retourner dans leurs maisons qu'ils ont été obligés d'abandonner, de manière à recréer un État libre pour le peuple palestinien avec Jérusalem comme capitale éternelle ».

« Jérusalem - a t'il conclu - est une partie très importante de la vie de plus d'un milliard et demi de musulmans et de plus de deux milliards de chrétiens, et tous doivent défendre Jérusalem et son identité ».

Le pape, qui n'a pas pu écouter la traduction du discours, est resté assis jusqu'à la fin, en faisant de temps en temps un sourire embarrassé, conscient du climat tendu suscité par l'intervention du représentant islamique.

Dans une déclaration, Aviv Shiron, porte-parole du Ministère des Affaires Etrangères israélien, a dit que « c'est une honte qui le cheik Taysir al-Tamimi ait profité d'une rencontre interreligieuse dans le but de promouvoir dialogue et compréhension entre chrétiens, juifs et musulmans pour inciter contre Israël ».

Dure, aussi, la réaction du Ministre chargé de la visite du pape en Israël, Stas Misezhnikov, selon lequel « les provocation du cheik offensent, en premier lieu et principalement, le pape Benoît XVI qui est venu en Terre Sainte pour promouvoir la paix et l'unité entre les peuples de la région et e tous les hommes de foi ».

« Israël - a t'il poursuivi - condamne les mots de haine prononcés par le cheik, qui au lieu de promouvoir la paix et la coexistence a choisi de semer les graines de la division et dun heurt entre les israéliens et les palestiniens et entre juifs, musulmans et les chrétiens ».

« C'est une honte que ce soient des extrémistes qui représentent les palestiniens et les musulmans dans cet important évènement en présence du Saint Siège », a t'il dit enfin.



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C'est en ces termes que l'incident est rapporté par Zenit en français, qui n'en dit pas plus sur son déroulement, mais qui reproduit par ailleurs le point de vue, paru dans "Un écho d'Israël", du Père Michel Remaud, directeur de Institut chrétien d'études juives et de littérature hébraïque de Jérusalem.

Une toute petite remarque, indépendamment du fait que le cheik a interpellé Benoît XVI avec beaucoup de respect: certes, à nos oreilles latines, les sons un peu gutturaux de l'arabe ne sonnent pas toujours de manière harmonieuse... mais il n'était pas nécessaire d'évoquer des imprécations, et des diatribes. Et les propos du cheik - dont on ne peut nier le courage d'avoir ainsi osé "mettre les pieds dans le plat", et qui a simplement saisi l'occasion qui se présentait - méritaient malgré tout d'être traduits.
Pourquoi dans la presse italienne, et pas dans la française?

Je laisse la conclusion à Jean-Marie Guénois, sur son nouveau blog :

Sans entrer dans la discussion politique israélo-palestinienne cet incident démontre que souhaiter voir les trois religions donner l'exemple d'une entente en vue de la paix au Proche Orient comme l'envisage Benoît XVI, demande une ténacité et patience proprement divines.



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