couronné de succès. Editorial dans L'Avvenire (17/5/2009)



Malgré les critiques et les sceptiques
Un voyage courageux, couronné de succès
LUIGI GENINAZZI
(Source)
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Le long et exigeant voyage de Benoît XVI, pèlerin de paix en Terre Sainte, ne pouvait que se conclure devant le Saint Sépulcre avec une humble et scandaleuse profession de foi : « comme chrétiens nous savons que la paix à laquelle aspire cette terre déchirée de conflits a un nom : Jésus Christ ».
C'est là la clé d'interprétation d'une visite que certains commentateurs israéliens ont, de façon incroyable, définie comme« trop politique et peu religieuse », jugement vraiment paradoxal si on pense qu'à la veille de ce voyage beaucoup craignaient exactement le contraire de la part du pape-théologien.
Peut-être cela vaut-il la peine de rappeler de que Benoît XVI est venu en Terre Sainte mû par un profond désir du coeur mais aussi sur invitation des autorités d'Israël, de Jordanie et de l'Autorité nationale palestinienne. Et que dans cette région tourmentée il n'y a pas d'affirmation, surtout prononcée par une très haute autorité morale, qui n'acquière immédiatement une valeur politique.
Le Pape a parlé de manière très claire et très explicite en rappelant le droit des palestiniens à avoir une patrie souveraine et en même temps le droit des israéliens à vivre dans des frontières sûres, mais il est allé au-delà de la politique en faisant appel à la générosité et au pardon. Il a dénoncé avec force la tragédie du mur, en mettant en garde cependant qu' « avant tout il est nécessaire d'ôter les murs que nous construisons autour de nos coeurs ». En somme, il a invité chacun à élever le regard sans plus se replier dans les récriminations, dans la haine et dans la vengeance.

Il est décourageant de devoir remarquer que tant d'observateurs, prêts à passer à travers le tamis sévère de l'idéologie chaque mot prononcé par Benoît XVI, aient égaré le fil conducteur d'un discours logique, clair et passionné, qui s'est dévidé tout au long de ces huit jours.

Certains en sont venus à critiquer Papa Ratzinger pour avoir omis dans son intervention à Yad Vashem de citer le nombre de six millions de juifs tués par les nazis, sans s'apercevoir qu'il en avait parlé le même jour, à peine mis pied sur le territoire israélien. Benoît XVI a condamné avec des mots forts l'antisémitisme, a médité avec finesse théologique sur le sens biblique du nom qui ne peut jamais être perdu, a ému les survivants qui ont écouté ses paroles.
Mais il semble que, quoi que dise ou fasse le Pape de Rome, pour certains, ce ne soit jamais assez.

Benoît XVI, au cours de son pèlerinage est entré dans deux mosquées, à Amman et à Jérusalem, il a renforcé les liens de respect réciproque et d'amitié avec l'islam et a réaffirmé la valeur théologique du « lien indissoluble entre christianisme et judaïsme », inaugurant une sorte de « dialogue trilatéral » entre les religions monothéistes où joue un rôle décisif l'appel à la raison « qui s'élève au plan le plus haut lorsqu'elle est éclairée par la lumière de la vérité de l'unique Dieu », ainsi qu'il s'est exprimé lors de la rencontre avec les leaders musulmans dans la mosquée 'Roi Hussein'.
Et il a su inspirer courage et espoir aux chrétiens, touchant leurs coeurs et les invitant à rester en Terre Sainte pour témoigner de la puissance révolutionnaire de l'Évangile et donner une contribution décisive au processus de paix.
Quelque chose changera-il après cette visite ?
« La mémoire peut être purifiée, un futur de paix peut se lever », tel est le message avec lequel Benoît XVI a pris congé d'Israël.
Parce que « l'histoire ne se répète pas nécessairement, Dieu peut faire toutes choses nouvelles ».
Malgré les critiques et les sceptiques.

© Copyright Avvenire, 16 mai 2009





Dans l'avion de retour MA Beaulieu a vu le Pape de près