La lettre de mon amie Jeannine (20/5/2009)



Au bout de plus de quatre années de pontificat, retrouver toujours les mêmes arguments dans les articles de nos journalistes soi-disant spécialisés dans les analyses du Vatican en dit long sur la pauvreté de leur inspiration, sur leur ignorance du sujet qu'ils traitent.
On répète toujours les mêmes griefs : manque de charisme, froideur, origine allemande, la place occupée auprès de son prédécesseur pendant tant d'années... Bref si une vérité est écrite, elle est énoncée avec tant de circonspection qu'elle manque presque de vraisemblance. Cependant, dans le Figaro du 13/5/2009 j'ai relevé ces paroles du Rabbin Israel Meir Lau :
« Benoît XVI était le plus proche collaborateur du précédent Pape et je souhaite qu'il marche sur ses traces. C'est un homme différent et il ne sert à rien de les comparer, mais j'espère que le rapprochement continuera. »
Les paroles sonnent juste et j'aimerais que les éternelles comparaisons s'inspirent de ces mots et cessent.

Sur Fréquence Protestante j'ai suivi par hasard la chronique du jour du Pasteur Alain Joly le 18 mars qui disait que le voyage du Pape serait une réussite. Dans la même chronique du 18 mai le pasteur Pierre Cochet a qualifié le voyage de positif avec pour appréciation finale : "bien, très bien"; paroles simples mais sincères.
La possibilité d'une énième bourde? Benoît XVI avait gardé ses chaussures dans la mosquée Al-Hussein ; mais non tout avait été calculé de la part de l'imam , un parcours spécial ayant été aménagé pour permettre au Pape, au prince si fin, si racé, si cultivé et à d'autres personnes de ne pas se déchausser. Ces deux personnalités brillantes allaient bien ensemble. (..) Est-il besoin de rappeler que notre Saint-Père a beaucoup voyagé, avec discrétion certes, qu'il est courtois et connaît les usages. Cet habitué des gaffes comme le claironnent nos croyants ou non- croyants français n'est pas celui qu'ils décrivent avec tant de haine. Benoît XVI , cette personnalité si riche, pleine de finesse, d'intelligence lumineuse n'a pas besoin d'artifices pour se mettre en valeur, dommage que si peu de personnes le reconnaissent.

N'en déplaise aux esprits chagrins ce voyage est une réussite en dépit des insatisfactions de certains. Il était bien évident que les juifs auraient été ravis si le voyage n'avait été dédié qu'à l'état d'Israël. Ce qu'ils ont subi est atroce, au-delà de toute expression, mais il leur faudra bien arriver un jour à ne plus avoir besoin d'être sans cesse rassurés par la répétition des mêmes mots, des mêmes gestes.
Certains ont reproché à notre Pape de ne pas avoir pleuré au Mémorial; je pense que l'on peut pleurer en étant bon comédien sans avoir pour autant envie de tout faire bouger. Le Pape n'est pas là pour exposer ses états d'âme, étaler ses sentiments; il doit se pencher sur toutes les causes.
Ce pape théologien jouit d'une totale liberté intérieure et cela lui permet d'être lui-même. Dans le religioblog de J.M Guénois j'ai relevé ces paroles qui me paraissent justes : « à l'écoute plus qu'on ne le croît, mais imperméable aux critiques, il avance là où il pense devoir aller. »
Ainsi que le disait lui-même le Cardinal Ratzinger il y a de nombreuses années : « j'ai cessé d'avoir peur lorsque j'ai compris que je n'avais à craindre que le jugement de Dieu ». Les critiques lui font sûrement mal mais il a l'habitude, il sait encaisser. Comment fait-il pour garder cette douceur, cette sérénité? Je suis admirative et cela me touche infiniment.

Les discours prononcés par notre Pape ont été conformes à ce que l'on pouvait attendre. La voix est douce, l'homme est affable, humble mais il y a en lui une grande force de persuasion étayée non pas par de l'autorité, voire de l'autoritarisme mais par des connaissances accumulées tout au long de sa vie, par une foi qui lui fait répondre oui sans cesse au Seigneur, par l'amour du pasteur pour son troupeau.
Aimer ce n'est pas toujours caresser dans le sens du poil, c'est guider vers le meilleur pour faire grandir et tout cela il le fait superbement. Si les personnes qui jugent, s'emballent, essayaient de comprendre qui il est, ce qu'il veut faire, tout irait bien mieux.

Il y a eu des photos magnifiques qui se passaient presque de commentaire tant, à travers elles, on pouvait palper l'émotion, la concentration, la joie qui l'habitaient.
J'ai suivi ce voyage avec passion; malgré la crainte que je ressentais parfois, je savais intuitivement qu'il saurait trouver les mots, poser les gestes simples qui seraient sa signature et je ne me suis pas trompée.
Nous avons eu droit à du grand Benoît XVI, la formule peut paraître familière mais elle englobe toutes les richesses qu'il nous a offertes.





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