Vous vous trouvez ici: Humeurs Juin 2007  
 HUMEURS
Janvier 2007
Février 2007
Mars 2007
Avril 2007
Mai 2007
Juin 2007
Juillet 2007

ENIÈME RÉFLEXION SUR LE MOTU PROPRIO
 

Il ne se passe pas de jour, et j'y reviens moi-même très souvent, sans que les sites de 'sensibilité' traditionaliste annoncent la sortie imminente du fameux texte.
Aujourd'hui n'échappe pas à la règle.
Je livre ici quelques commentaires lus sur un forum que je ne citerais pas, ils illustrent l'extrême difficulté de la tâche du Saint-Père, et sa faible marge de manoeuvre, surtout en Fance, "coincé" qu'il est entre ces Saint-Just de la liturgie d'un côté, et un épiscopat largement réticent, voire hostile de l'autre. Sans compter les pressions à l'intérieur de la Curie, et la nécessité de ménager les susceptibilités des représentants d'autres religions...
Contrairement à ce que certains semblent croire, il ne peut pas faire ce qu'il veut, son souci étant évidemment de préserver la paix, et de réunir, plutôt que de diviser. Il ne s'agit donc pas pour lui de "trouver la force" de promulguer le décret -- c'est une analyse totalement erronée, comme s'il reculait par peur -- mais bien plutôt de saisir le bon moment, et de trouver la formulation idéale.
Je cite les réponses mesurées aux commentaires les plus contestables. Il semble, à cette lecture, que la situation évolue tout doucement vers la compréhension... mais pas chez tout le monde.


Réactions des traditionalistes impatients...

On l'a annoncé tant de fois ! et rien n'est venu.
Il faut prier, toujours et sans cesse, pour que Notre Saint Père trouve la Force d'accorder ce texte ! Mais ne désespérons pas !
-----------
je ne savais pas que le gouvernement de l'Eglise devait se faire au doigt et à l'oeil des fidéles........
Marrant comme les tradis adorent finalement être démocrates quand cela les arrange......
--------------
Benoit XVI nous a habitués à des "sans faute": tous les livres du cardinal Ratzinger sont impeccables.
Un "sans faute" est absolument nécessaire pour le motu proprio : le sujet est si brûlant que le texte doit être inattaquable. Je pense que les objections soulevées par le projet ont été prises en compte pour l'améliorer. Et puis cette attente permet aux opposants de s'habituer à une idée à laquelle ils répugnent.
Patience, donc, sans ironie, et prière : cela me paraît être la bonne attitude.
-----------------
Le Pape doit faire face à des oppositions farouches dans son entourage proche et dans l'Eglise de France. Il n'a malheureusement pas une totale liberté dans cette histoire. Mais au moins nous savons qu'il a le désir de passer au delà des duels et batailles de chapelles en posant un acte réellement positif qui va dans le sens de l'unité des chrétiens.
---------------
La liberté de Benoît XVI est totale. Un pape peut signer un Motu Proprio quand il veut, et sans demander l'avis de personne, quelques soient les "oppositions". Simplement il préfère éviter le "passage en force" en jouant sur le facteur temps. Si des personnages aussi considérables que les cardinaux Kasper, Castrillon-Hoyos et surtout Bertone (Secrétaire d'Etat !) ont pris l'initiative d'annoncer la parution prochaine du Motu Proprio, c'est parce qu'ils savent que Benoît XVI est décidé à la publier. Si au contraire Benoît XVI était hésitant, on peut supposer que ces cardinaux se seraient tus. Il semble que le Motu Proprio en soit actuellement à la traduction, ce qui peut effectivement prendre un "certain temps" si on veut que les traductions ne laissent la place à aucune ambiguïté qui permettrait toujours aux mêmes de continuer à tout verrouiller ...
----------------
...[il y a] deux séries de raisons :
- Magistèrielles : on doit s'attendre probablement à un véritable "développement homogène", dont l'ampleur pourrait expliquer à lui seul le retard. En examinant à fond toutes les objections, peut être notre Saint Père a-t-il compris certaines vérités encore plus importantes que les seules réponses aux objections déjà connues.
- Juridictionnelle : tout le monde pense aux oppositions. Je pense qu'une des clefs de compréhension de l'approche de Benoit XVI est la spiritualité bénédictine. Il me paraît par exemple évident que ces avis de si hautes personnalités de l'Eglise ne sont pas donnés sans son contrôle. Et le résultat est visible : chaque jour qui passe voit s'éroder la position des opposants, même si c'est lent. Evidemment, ce style de gouvernement peut décevoir ceux qui pensent qu'il conviendrait de poser des actes d'autorité "nets et sans bavures". Personnellement, je prie pour ce "Motu Proprio" ne sorte pas trop tôt... D'ailleurs ce sera peut être un acte juridictionnel encore plus important qu'un MP...


Le jugement de Jean Sévilla

« ... je ne crois pas que les catholiques aient à discuter de tout : l’Eglise n’est pas une démocratie, le catholicisme n’est pas une institution parlementaire. Il est tout à fait extraordinaire de voir tant de traditionalistes, dont les bibliothèques sont pleines d’ouvrages vilipendant la Révolution, se comporter comme les pires révolutionnaires, débattant de tout et n’importe quoi, quels que soient leurs titres à s’exprimer en public, enjambant toute hiérarchie et répandant des rumeurs sans souci de leurs conséquences.  »


 

Le site Pro Litugia, souvent évoqué ici, se consacre actuellement presque exclusivement à la question. Ses arguments sont très techniques, et il est impossible à un non-initié de prendre part au débat

Sa dernière livraison, sous le titre "La querelle des rites" apporte des révélations inattendues! en gros, les gens parlent de ce qu'ils ne connaissent pas, et la "messe de Paul VI" telle que la décrivent les textes officiels n'est pas ce qui en a été fait par la suite, et a peu de rapport avec les abus liturgiques qui ont suivi le Concile. Le problème posé est donc faux, ou mal posé.
Je cite:


 

« LE MOTU PROPRIO ET LA "QUERELLE DES RITES"

La "querelle des rites" qui oppose depuis plus de 40 ans les fidèles attachés à la liturgie romaine d'avant Vatican II (dite "de S. Pie V") aux fidèles attachés à la liturgie romaine restaurée à la suite du Concile, a conduit à une situation dont on ne sortira qu'au prix de grandes difficultés tellement elle est mal "emmanchée".
En effet: tout le monde parle de la liturgie actuelle, les uns pour en chanter les vertus, les autres pour la critiquer et la refuser, alors qu'en réalité personne ne la connaît. Ni les "traditionalistes" qui refusent le rite romain restauré à la suite de Vatican II, ni les "progressistes" qui se réclament de ce même rite mais ne l'ont pas vu une seule fois être célébré comme il devrait être célébré, c'est-à-dire sans ajouts, sans suppressions, sans modifications, dignement, dans le strict respect du missel romain actuel, en latin et en grégorien.
Alors de quoi parlent ces gens depuis 40 ans? De choses qu'ils ignorent.... car on ne les a jamais vues, ni entendues, ni étudiées à fond, ni pratiquées.
- Les "traditionalistes" critiquent la liturgie actuelle en répétant ce qu'on leur a appris à répéter: la messe "de Paul VI" est une nouveauté. Une nouveauté? ...la liturgie actuelle n'est pas une invention de Vatican II, mais une forme du rite romain totalement identique à la forme du même rite qui avait cours des VIIIème au XIème siècles ...
- Les "progressistes" se veulent fidèles à l'enseignement du Concile. Or, quand on voit ce qu'ils font ou font faire dans les paroisses, on en déduit immédiatement qu'ils n'ont jamais dû consulter ni les textes de Vatican II ni le missel romain actuel . En effet: où ont-il vu qu'il fallait remplacer les autels par des tables? Où ont-ils vu qu'il était obligatoire de célébrer la messe face au peuple? Où ont-ils vu qu'il fallait remplacer le chant grégorien par des refrains tellement pauvres qu'ils en viendraient presque à nous faire regretter l'époque à laquelle Soeur Sourire faisait chanter "Dominique nique nique..."? ... Où ont-ils vu qu'il fallait imposer partout des "animateurs liturgiques" faisant des moulinets avec un zèle inversement proportionnel à leurs compétences liturgiques et musicales?
Oui, la crise liturgique mettra beaucoup de temps à se résorber, car de quelque côté que l'on se place, on voit bien que ceux qui parlent le plus de liturgie sont surtout ceux qui la connaissent le moins: d'un côté se trouvent ceux qui critiquent une messe "conciliaire" qu'ils n'ont jamais vue car elle n'existe pas dans les paroisses, et de l'autre côté se trouvent ceux qui se prévalent d'un Concile qu'ils n'ont jamais chercher à appliquer. »


Sur le même sujet

Voir sur ce site (pour ne citer que les articles les plus récents):
Querelle traditionalistes/progressistes
Un motu proprio qui se fait bien attendre...
Revoilà le motu proprio...
Revoilà le motu proprio (suite)
Alerte sur le motu proprio
John Allen sur le Motu Proprio
John Allen sur le Motu proprio (2)
etc..


Juin 2007 | A propos du gouvernement Sarkozy