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INTERVIEW À LA TÉLÉVISION ALLEMANDE (5 AOÛT 2006)

Benoît XVI : Nous devons redécouvrir Dieu.

Plus de 6 millions d'allemands ont suivi l'interview du pape Benoît XVI à la télévision.
L'entretien a été accordé le 5 août 2006 à la télévision publique de Bavière, Bayerischer Rundfunk (ARD), à la chaîne publique allemande ZDF, à la chaîne d’information Deutsche Welle, ainsi qu’à Radio Vatican. Il a été rendu public par le Bureau de presse du Saint-Siège dans la soirée du 13 août.

Présentation de l'interview sur ZDF ici: interview.swf [2 078 KB]


 
 

Le directeur des programmes de la ZDF, Thomas Bellut, chargé de poser les questions pour cette télévision, a souligné l'"atmosphère ouverte" dans laquelle a eu lieu la conversation. "Il n'y a eu aucun tabou pour les questions.
La conversation a été extraordinairement courtoise, très impressionnante
", a indiqué le journal allemand, " Hamburger Abendblatt ".
(source: Eucharistie Miséricordieuse)


 

J'ai découpé l'interview par questions posées, et rajouté des titres, ne recouvrant pas forcément l'ensemble de la réponse, car le propos est si riche qu'il arrive que plusieurs thèmes soient abordés, mais plutôt soulignant ce que je trouve particulièrement significatif...
Chaque réponse est une dissertation attrayante et informelle développée sur les thèmes qui lui tiennent à coeur: famille (c'est l'occasion pour lui de rappeler cette évidence que "le catholicisme n'est pas une somme d'interdits") et morale, engagement des jeunes, situation au Moyen-Orient et recherche de la paix (lorsque LUI parle de "vivre ensemble", on est convaincu que c'est une nécessité et un but), non-ingérence dans la politique, dialogue des cultures, place des femmes, laïcisme ("illuminisme drastique" de notre époque), limites de la technique (ce qu'il nomme le know how), et conception chrétienne de l'"éducation", ministère du Pape et collégialité au sein de l'Eglise.

Cette première liste est celle que les media auront probablement retenue, et "analysée", et peut-être est-ce en effet le plus important.
Mais à côté de cela, il a tenu des propos plus inattendus, je pense à sa conception vraiment très actuelle de la signification des béatifications et des canonisations: une manière de rendre Dieu visible et l'Eglise lisible, à proximité (une forme de décentralisation, comme il le dit lui-même). En suggérant même d'utiliser les supports culturels "grand public" -le cinéma!- pour amplifier l'impact. Il va jusqu'à imaginer un film sur la vie de Saint-Augustin! On pourrait donc dire que les techniques modernes de communication sont totalement innées chez lui. Ce qui illustre en le confirmant le jugement du directeur de la Salle de Presse Vaticane: un grand communicateur, car il a un vrai contenu à transmettre.

Tout cela est dit dans son inimitable style, si simple et si accessible, avec beaucoup d'humanité, et même d'humour (mais cela n'étonnera que ceux qui ne veulent pas le connaître) et un grand souci d'être compris; des réponses patientes et pleines de gentillesse, n'imposant aucune distance à ses interlocuteurs -qui ont quand même souligné son âge avec une insistance frisant la discourtoisie.
Des réponses émouvantes aussi, quand surgissent les anecdotes personnelles, comme lorsqu'il parle de son désir de revoir encore une fois les lieux, les personnes auprès desquels [il a] grandi, qui [l]’ont marqué et qui ont façonné [s]a vie, je voulais remercier ces personnes; lorsqu'il confie ne pas se sentir suffisamment de force pour prévoir de grands voyages; lorsqu'il souligne à quel point la chaleur de la foule, lors des apparitions publiques, lui est un réconfort; lorsqu'il évoque la "famille pontificale" (nous savons qu'il s'agit de ceux qui partagent son quotidien, ses deux secrétaires, et les soeurs laïques qui tiennent sa maison), ou remercie ceux qui s'activent pour préparer sa venue (je voudrais profiter de cette occasion pour dire que je rougis quand je pense à tout ce qui est fait pour préparer ma visite, à tout ce que les gens sont entrain de faire...)

Je retiens le terme "impressionnant" employé par le journaliste pour décrire l'entretien. Le terme est fréquemment employé par les gens qui rencontrent le Saint-Père, il me revient en mémoire la réaction des jeunes qui ont partagé son repas lors des JMJ de Cologne, et aussi le témoignage d'un des rédacteurs de la revue L'Homme Nouveau, qui l'avait rencontré en France alors qu'il était cardinal. Il faut sans doute y voir un effet du contraste entre sa simplicité, et l'extraordinaire profondeur de ses propos.

Je voudrais terminer par un clin d'oeil affectueux. J'avais déjà remarqué que, lors des cathéchèses du mercredi, le Saint-Père utilisait l'expression italienne per cosi dire. Ici, on observera qu'il emploie à plusieurs reprises "pour ainsi dire". Si c'est un tic de langage, il ne sacrifie nullement à une mode, ou plutôt, c'est lui qui la crée. Cela me plaît beaucoup, car cela donne à ses propos un ton agréablement familier, gentil même, qui tranche avec la gravité du discours.


 

Texte complet (format pdf) ici [55 KB]


 
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